Les sanilodges, ces drôles de toilettes très design vont-elles sauver le camping ?
Le camping d’origine oui, mais le confort en plus ? C’est le principe de ces petites cabanes en bois permettant d’avoir sa douche et ses WC privatifs, même si l’on opte pour la tente ou la caravane.
Les aficionados vous le diront tous : il y a camping et camping. D’un côté, les tentes, caravanes et autres fourgons ; de l’autre, les mobile homes, chalets et autres cabanes. Et il ne fait pas bon les confondre, c’est presque une question philosophique. Avoir le confort de l’un, sans perdre la liberté que confère l’autre, c’est ce que propose un concept breveté en France, le sanilodge. Ces modules de 5 m² sont destinés à pallier le manque de sanitaires des emplacements de camping que l’on dit «nus» (rien à voir avec le naturisme, rassurez-vous).
Côté look, imaginez un petit cabanon en bois avec des touches de bleu céladon, somme toute assez élégant pour des latrines – on est loin des toilettes de chantier. À l’intérieur, des WC, donc, mais aussi un lavabo et parfois un petit coin cuisine. Le concept de «Sanilodge» a été breveté par la société ariégeoise Sunshine Habitat, qui conçoit des mobile-homes et autres lodges. L’idée de ce sanitaire privatif est née, comme beaucoup, en 2021, à l’ère post-Covid, dans une optique de limiter les risques de contamination.
Des toilettes «un peu sexy»
Sunshine Habitat
«Mais nous voulions un produit un peu sexy. Pour l’établissement, cela permet de proposer une prestation supplémentaire, de valoriser la parcelle et d’avoir un meilleur retour sur investissement. Pour le voyageur, cela permet d’avoir ses toilettes, son point d’eau, sa douche et parfois aussi un petit frigo/congélateur», explique Erwan Mercier, responsable des ventes pour le constructeur.
Chez lui, le sanilodge se décline en deux modèles : la version «lodge», toilée, et la version bois. «Cela va bien avec le cadre naturel du camping». Avec combien d’établissements travaille-t-il en France ? «Ouhlà !», se récrie-t-il, avant de citer quelques poids lourds du secteur comme Sandaya ou Capfun.
Tout est mignon sauf le nom !
Les très tendance Campings Liberté, lancés par le fondateur du groupe hôtelier Touriste, Adrien Gloaguen, n’ont pas hésité à sauter le pas. Ils en ont commandé quarante après un coup de foudre dans les allées du Salon du Camping. «Tout est mignon sauf le nom !», s’amuse Julie Revuz, directrice de la communication des établissements.
Les petits cabanons ont trouvé leur place dans leur établissement du Verdon, sur une partie des 200 emplacements nus. «Il y a même une petite étagère pour poser ses affaires : c’est fini l’époque où l’on traversait le village avec son rouleau de toilettes et sa serviette sous le bras », commente la cofondatrice des Campings Liberté, dont la devise est justement « vacances dehors, version confort ».
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Camper oui, mais tout confort
Sunshine Habitat
Côté prix, à l’achat, le module coûte entre 6000 et 8000 euros. Pour le voyageur, c’est aussi forcément un peu plus cher qu’un emplacement complètement nu. «Cela varie selon la saison, mais en ce moment c’est 20 € de plus avec les toilettes privatives» aux Campings Liberté. La seule contrainte ? «Le nettoyage», pour Julie Revuz.
Le sanilodge colle bien aux nouveaux usages du camping, et à son inexorable montée en gamme. La Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air (FNHPA), recense 7 450 campings en France, dont quelque 300 5-étoiles, ce qu’illustre à merveille la tendance «glamping». Glissement sémantique révélateur, d’aucuns préfèrent d’ailleurs à «camping» le terme d’«hôtellerie de plein air». Las, souvent, cela a un coût, et certains campings n’ont plus rien de «popu».
Le sanilodge, c’est un peu l’entre-deux idéal : l’accessibilité de l’emplacement nu, le confort en plus. «En France, on est leader des mobile homes. Mais les États-Unis, à l’inverse, sont les champions pour ajouter du luxe aux caravanes. Ils ont même des piscines au pied du van !», compare Julie Revuz. Avec 143 millions de nuitées en 2023, le camping reste le mode d’hébergement collectif préféré des Français. Mais si les toilettes, elles, peuvent ne pas être collectives, c’est toujours ça de pris…