Forêts luxuriantes, lacs cristallins, nouveaux hébergements d’exception… Les Vosges ont la cote
REPORTAGE – L’engouement pour les vallées de Gérardmer et de La Bresse témoigne d’un intérêt inédit pour le plus petit massif français, à seulement trois heures de Paris en TGV.
Moins prisés que les arrêtes alpestres ou pyrénéennes, les doux reliefs des Vosges profitent de nouvelles aspirations estivales, celles d’une montagne « accessible » et de destinations nature plus confidentielles. Le plus petit massif montagneux de l’Hexagone ne manque pas d’atouts pour tirer son épingle du jeu. N’est-ce pas dans cette nature généreuse que le photographe animalier Vincent Munier a grandi et fait ses premières armes ?
Au sud-est de cet ensemble sculpté par les glaciations et couvert de hêtraies-sapinières, les hautes Vosges demeurent un territoire particulièrement apprécié. Cette partie granitique marquée par les sommets les plus élevés (1424 mètres pour le Grand Ballon) abrite « la perle des Vosges » : la ville de Gérardmer, qui célèbre cette année les 150 printemps de son office de tourisme, le plus ancien de France.
Les temps ont changé et le tourisme local évolue de plus en plus vers le haut de gamme, comme en témoignent deux nouveaux hébergements d’exception. Le Domaine les Terres Bleues, deux chalets de prestige pouvant accueillir chacun deux personnes, ouvre ce mois-ci.
Adrien Feltz et sa compagne Alexia Courtois y ont aménagé tout ce qu’eux-mêmes rêvaient de trouver lors de leurs escapades à deux, « un endroit où chaque détail invite à la détente et à la complicité ». Nichés non loin du lac de Gérardmer, où se pratiquent le canoë, la voile ou encore l’aviron, ces deux écrins aux lignes épurées et grandes baies vitrées entrent en résonance avec la nature environnante.
SDP
À lire aussi
Grand air et activités pour petits et grands : les meilleures choses à faire dans les Vosges, avec ou sans neige
Premier massif depuis Paris
Dans la vallée voisine de La Bresse, au pied d’une station de ski, le Domaine de Montagne vient d’accueillir ses premiers hôtes après deux ans et demi de chantier. Cet hôtel-restaurant-spa 4 étoiles domine le village de Ventron de sa haute silhouette de chalet vosgien, offrant une occasion privilégiée de se ressourcer à l’écart de toute agitation urbaine.
Le site est accessible en navette depuis la gare proche de Remiremont, à trois heures de Paris en TGV, ce qui fait dire à Alexandre Keff, le maître des lieux : « Nous sommes la première montagne depuis la capitale. » Ce pilote de ligne et son associé, Pierre Singer, ont su capter « l’évolution d’un tourisme hivernal de masse vers un tourisme de niche, plus raisonné ». Faute d’enneigement, la station de ski n’a pas rouvert depuis cinq ans, justifiant la démolition du vaste hôtel désaffecté voisin du Domaine de Montagne.
Une escapade sur les hauteurs de l’hôtel-spa permet de goûter à la tranquillité des lieux et d’apprécier la richesse de la flore et de la faune. De l’autre côté de la vallée, on distingue la réserve naturelle du massif du Grand-Ventron, un sanctuaire de 1 650 hectares où le grand tétras, oiseau emblématique du massif, est en cours de réintroduction.
L’appel de la forêt
Le désir de se rapprocher de la forêt a fait pousser de multiples hébergements insolites, des écogites parfois dessinés par des architectes, souvent construits par des menuiseries locales en bois des Vosges s’il vous plaît ! À Champdray, le dépaysement est total dans les cabanes dans les arbres Nids des Vosges.
De son côté, la marque indépendante de campings nature et villages forestiers Huttopia a bien compris ces nouvelles aspirations en ouvrant en 2022 son village Huttopia Forêt des Vosges, non loin de Gérardmer. Une destination dont le leitmotiv est de « réaliser le fantasme du camping sauvage et confortable ». Résultat, dans le département des Vosges, les nuitées touristiques ont désormais dépassé leur niveau d’avant Covid, boostées par le moteur de l’hôtellerie de plein air.
Belges, Néerlandais, Luxembourgeois et Allemands ne s’y sont pas trompés. Ils ont depuis longtemps fait des hautes Vosges un de leurs lieux de villégiature privilégiés. À Gérardmer, des investisseurs étrangers se sont entichés des superbes vues sur le lac, si bien que les prix au mètre carré approchent ceux de Nice dans les secteurs les plus prisés. Un autre atout joue en faveur de la ville qui a enlevé à Avoriaz l’organisation du Festival du film fantastique. On y rallie en une heure de route l’Alsace et la si typique ville de Colmar.
Randonnées en majesté
« De par leurs vastes chaumes et l’omniprésence de la forêt, les Vosges ont une connotation douce qui rassure », souligne Albane Lessard, accompagnatrice de montagne. Cette ancienne athlète de haut niveau évoque également « un superbe terrain de jeu pour s’initier au trek sur plusieurs jours, car le premier village n’est jamais bien loin ».
Les amoureux de petites et grandes randonnées apprécieront le réseau de sentiers bien balisés par le Club Vosgien, une institution fondée en 1872. Sans compter qu’à pied ou en VTT électrique, l’effort physique se conjugue toujours ici avec gastronomie ! Il faut s’arrêter profiter des ambiances des fermes-auberges, où on sert le menu traditionnel « marcaire » composé de viande de porc fumée et de pommes de terre en lamelles cuites avec des oignons et du lard.
Au lendemain de la pandémie, la sylvothérapie, cette fameuse pratique de reconnexion à soi au contact des arbres née au Japon, s’est développée ici de manière exponentielle. Le département des Vosges, le deuxième le plus boisé de France, s’est emparé de cette tendance pour promouvoir des « bains de nature », via des accompagnateurs de montagne expérimentés.
Julie Delille, la directrice du Théâtre du peuple de Bussang, aime se poser dans ces atmosphères forestières, « à l’écouter, en silence, comme si j’étais une invitée ». La comédienne évoque la brume s’accrochant aux arbres pendant les périodes humides, « donnant l’impression d’une respiration ». Créé il y a cent trente ans, le lieu de création qu’elle dirige depuis un an et demi est unique en France. Il est installé dans un bâtiment de bois classé monument historique, avec une scène ouverte sur son environnement, dressant un pont inédit entre culture et nature. De quoi nourrir les esprits apaisés par la séance de « thalasso verte » proposée par les hautes Vosges.
SE RENSEIGNER auprès de Gérardmer Hautes Vosges Tourisme (Gerardmer.net ).
Y ALLER en TGV, gare de Remiremont à 3 h de Paris (2 trajets directs par jour).
SÉJOURNER au Domaine les Terres Bleues, deux chalets proches des lacs propices à la baignade de Xonrupt-Longemer et Gérardmer. À partir de 450 € la nuit. Le Domaine de Montagne propose à ses hôtes 28 chambres et suites, un spa de 900 m² et une piscine à débordement de 18 m. À partir de 160 € la nuit.
S’ATTABLER au Couchetat, une table bistronomique reprise il y a deux ans par un couple franco-chilien qui mâtine sa cuisine française de touches andines. Menus de 26 à 41 €. La Ferme-Auberge de la Mexel (03.29.63.39.36), une valeur sûre pour qui veut s’initier à la gastronomie locale. Menu à 27 € (35 € le dimanche).
DÉCOUVRIR le Théâtre du peuple et ses spectacles mêlant comédiens professionnels et amateurs (du 19/07 au 14/09) ; les randonnées et sorties bien-être avec Albane Lessard, accompagnatrice de montagne (Sortiesderoutes.fr ).
ADMIRER le Hohneck, troisième sommet vosgien (1363 m) et son panorama exceptionnel sur la plaine d’Alsace et la Forêt-Noire. À Gérardmer, le tour du lac s’effectue en 1 h 45. Au sud de ce lac naturel d’origine glaciaire, un itinéraire balisé conduit vers la tour de Mérelle (balade d’environ 2 h 30). Superbe point de vue.