Les îles Lofoten, l’archipel où l’on skie au milieu des fjords norvégiens
EXPÃRIENCE – Plébiscité l’été par les croisiéristes qui remontent la côte norvégienne, l’archipel des Lofoten est l’affaire des amateurs de free rando à la blanche saison.
Imaginez un spot où il neige la nuit, il fait beau le matin, il neige de nouveau à midi avant de se découvrir l’après-midi⦠Un archipel long de 200 km situé au-delà du cercle polaire et qui bénéficie de la plus grande anomalie positive de température par rapport à sa latitude. Au mois de mars, elle oscille entre -1,5 et 1°. Ce spot est situé à une journée de voyage de Paris, dans les îles Lofoten. L’archipel compte plusieurs îles allongées, connectées avec des ponts et sillonnées par une route panoramique remontant vers le nord sur 230 km dans de sublimes paysages farouches, dont quelques centaines de montagnettes (dont la plus haute culmine à 1 146 m) se skient et se reflètent dans les fjords bleu acier.
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Les Lofoten se méritent, il faut voler jusqu’à Oslo puis prendre un autre avion jusqu’à Harstad et rouler ensuite 2h30 pour parvenir à Kabelvag où se situe le Lofoten Ski Lodge. Cette ancienne pêcherie ocre, restaurée avec goût, sert camp de base aux happy few qui auront dépensé environ 2500 euros la semaine pour vivre leur rêve. Cette belle bâtisse sur pilotis qui fait face à l’Atlantique entretient l’âme des pêcheurs d’antan avec des photos noir et blanc et une barque suspendue en son cÅur. Le soir, des petits groupes de freeriders, venus du monde entier, se racontent leur journée en chiquant et sirotant la bière locale.
à l’aube, ils s’évanouissent dans les vallées alentour trahis par leurs frontales, tandis que le soleil révèle progressivement le relief escarpé et les eaux translucides. Certains monts s’élèvent d’une traite plus de 1000 m au-dessus de la mer. D’autres, plus enchevêtrées, laissent place à des cols qui débouchent sur d’autres versants.
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Une descente qui se mérite
Pas de forfait, ni même de station, le premier remonte-pente se situe sur le continent à Narvik. Le mieux est d’arriver avec ses chaussures, les skis sont fournis sur place. Ici, descendre se mérite et s’apprécie d’autant. La montée en peau de phoque est facilitée par la faible altitude qui réduit l’essoufflement. Elle est parfois compliquée par la visibilité qui en l’espace de 20 minutes passe du plein soleil à la tempête. Notre guide Seth Hobby ne semble pas perturbé, il jette un Åil à son smartphone et annonce le retour du beau temps dans une grosse heure. L’ascension se passe dans un univers cotonneux sans autre repère que les talons du randonneur qui précède. Après trois quarts d’heure, le relief apparaît par alternance, le Gulf Stream semble progressivement décaler la précipitation à l’Ouest. Les cent derniers mètres sur glacier sont plus délicats, les splitboards moins pourvus de carres cherchent des lignes moins glacées tandis que les randonneurs équipés de couteaux franchissent cet ultime raidillon avec aisance.
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En haut, comme par magie, tout s’ouvre sur deux bras de mer. Le temps d’enfiler une veste, ranger les peaux et faire quelques photos, un air froid et sec directement venu du pôle fige nos souvenirs à jamais. Il est temps de redescendre. Le choix de la ligne prend encore quelques secondes. La neige très légère laisse tout juste affleurer les spatules puis devient plus compacte et portante sur le bas. à mi-descente, les cuisses chauffent, tout le monde se regroupe pour partager cette session euphorisante. Les anglophones balancent des « amazings » à s’en essouffler. Le bas en forêt, plus technique, moins rapide, s’achève sur une petite plage. Il neige à nouveau, la nuit tombe déjà , il n’est que 17 heures et nous sommes début mars.
Des jours et des nuits
Les soirées font largement partie de la réussite du voyage, et suivant l’époque, elles débutent tôt. Le sauna est incontournable pour combler la tranche 17-19 heures et se termine bien souvent pour les plus vaillants par un plongeon dans l’Atlantique nord en guise douche froide. Une expérience de plus à raconter. Les aurores boréales font également partie du package et sont mêmes annoncées par une application⦠peu fiable ! Le dîner qui se prend à partir de 19 heures réjouit les amateurs de gravlax qui avaient pourtant annoncé renoncer à manger du saumon depuis qu’il est élevé comme du poulet. Ici, le poisson dégusté est sauvage et celui d’élevage est réservé à l’export, nous confie le chef.
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Le guide ouvre une carte jaunie qui dévoile le potentiel d’un archipel qui s’étend sur 200 km. «La distance qui sépare le massif du mont Blanc à celui du Mercantour dans les Alpes-Maritimes», tente un expert en géographie. Toutes les îles ne sont pas reliées par la route mais dans un rayon d’une heure autour du camp de base, le choix est suffisamment important pour occuper la semaine. Les sessions se suivent et se ressemblent comme un jour sans fin qu’on aimerait perpétuer. Seules les photos et les traces GPS parviennent à reconstituer une semaine où les souvenirs ouatés des ascensions viennent percuter ceux panoramiques des sommets. L’après-ski contribue à colorer cette belle parenthèse d’hiver dans l’esprit de chacun au terme de l’aventure. La saison s’étend du 1er février au 15 mai et se répète chaque hiver depuis la nuit des temps.
Y ALLER
à partir de 2100 â¬/personne (base 4 à 6 personnes) pour un séjour de 7 nuits en pension complète et 6 jours d’accompagnement par un guide.
Vols A/R Paris â Harstad sur SAS à partir de 250 â¬.
à prévoir en plus, le transfert entre l’aéroport et le lodge.
Renseignements sur lofotenskilodge.com .
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