«L’Expo 2025 d’Osaka doit être un lieu où l’on s’interroge sur le type d’avenir auquel nous devrions aspirer»


ENTRETIEN – Natif d’Osaka, Tadao Ando, l’architecte vénéré de l’île de Naoshima, a offert un chef-d’œuvre à la ville : la bibliothèque pour enfants Nakanoshima Children’s Book Forest. Le Figaro l’a rencontré à la veille de l’ouverture de l’Expo 2025.

Natif d’Osaka, l’architecte Tadao Ando a offert un chef-d’œuvre à la ville, la bibliothèque pour enfants Nakanoshima Children’s Book Forest sur « l’île aux musées ». Le Figaro l’a rencontré.

LE FIGARO.- Les sondages montrent un désamour des Japonais  pour l’Expo. Comment l’expliquez-vous ?

TADAO ANDO. – Il y a cinquante-cinq ans, l’Exposition universelle d’Osaka de 1970 s’est déroulée à une époque où la société était pleine d’espoir, dans le progrès technologique et la croissance économique. On partageait un optimisme autour de l’idée d’un « avenir radieux », et l’Expo a exprimé symboliquement cette croyance collective. Aujourd’hui, les choses sont différentes. Lorsque les gens entendent le mot « Expo », il n’est pas surprenant que certains soient sceptiques, ou qu’ils rejettent l’événement. C’est précisément la raison pour laquelle l’Expo 2025 d’Osaka ne doit pas simplement être un lieu où l’on évoque l’avenir, mais plutôt un lieu où l’on s’interroge sur le type d’avenir auquel nous devrions aspirer et sur les actions que nous devons entreprendre pour le construire.

Avez-vous le sentiment qu’Osaka a beaucoup changé pour accueillir l’Expo ?

Les villes sont, par nature, toujours en évolution. Mais à l’approche de l’Expo, j’ai l’impression qu’Osaka commence enfin à prendre conscience de la façon dont elle se présente au monde. Lorsque l’on évoque les villes historiques du Japon, Kyoto et Nara viennent souvent à l’esprit. Mais Osaka a aussi sa propre histoire urbaine, qui perdure encore aujourd’hui. Prenons l’exemple de Midosuji, un grand boulevard construit dans les années 1930, qui s’étend sur quatre kilomètres. À l’époque, on l’appelait même « les Champs-Élysées de l’Est », traversé par Nakanoshima, une île fluviale qui constitue depuis longtemps le cœur culturel d’Osaka.

Si on se promène dans la ville, et que l’on va un peu plus loin, on découvre un Osaka du quotidien, riche et profondément ancré, qui continue de prospérer

Tadao Ando, architecte

Cette structure fondamentale d’Osaka a été façonnée à l’époque de ce que l’on appelle souvent le « Grand Osaka », une période de modernisation et d’ambition. Et, chose remarquable, cette structure est toujours présente dans le tissu urbain. C’est précisément parce que nous nous trouvons aujourd’hui à un carrefour historique que je pense qu’il est tout aussi important de s’interroger sur ce qui doit être préservé ou transformé. Pour moi, c’est l’essence même de la construction d’une ville pour les générations futures.

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Les visiteurs s’y arrêtent une journée au mieux pour voir le château, le quartier de Dotonbori. Qu’est-ce qu’Osaka peut offrir de plus ?

Si on se promène dans la ville, et que l’on va un peu plus loin, on découvre un Osaka du quotidien, riche et profondément ancré, qui continue de prospérer. Les rues commerçantes à l’ancienne, les bains publics et les maisons traditionnelles ne sont peut-être pas des lieux touristiques prestigieux, mais ils incarnent une identité propre à Osaka, un charme tranquille. J’espère que les visiteurs prendront le temps de les remarquer.



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