Le Figaro embarque sur le MSC World America pour sa soirée d’inauguration
REPORTAGE – Dernier-né de la compagnie italo-suisse, le World America est un géant de 333 mètres conçu pour naviguer dans les Caraïbes et offrir à ses hôtes le plus grand choix possible d’activités. Il a été inauguré au port de Miami, lors d’une soirée à sa (dé)mesure.
La crise des tarifs douaniers n’aura pas terni le grand soir à Miami. À quelques coups de pagaies de Mar a Lago, au beau milieu de cette baie ensoleillée chère au clan Trump, la compagnie MSC Croisières inaugurait ce mercredi soir son nouveau navire, le MSC World America. Sans le président des États-Unis mais avec Orlando Bloom et Drew Barrymore, proclamée « marraine » de ce chérubin de 333 mètres et 20 ponts, né aux Chantiers de l’Atlantique. Émancipation expresse, le rejeton volera de ses propres ailes dès la semaine prochaine, pour une première croisière grand public dans les Caraïbes.
En attendant, c’est devant un parterre de «very important passengers», journalistes, influenceurs et invités, que s’est tenue une cérémonie aux airs de finale du Superbowl. Lancée sur un hymne américain, tonitrué a cappella devant une salle debout – ledit locataire de la Maison-Blanche aurait apprécié. Et achevée sur un spectacle de drones dans le ciel de Miami. Entre-temps, la scène du théâtre aura vu défiler toutes les huiles de la croisière locale – rappelons que Miami est la capitale mondiale de cette industrie, de la maire du comté, Daniella Levine Cava, au PDG du groupe Diego Aponte, en passant par son numéro deux, Pierfrancesco Vago.
Le discours était lui aussi bien huilé, ponctué à un rythme plus que soutenu d’intermèdes spectaculaires (comme des extraits du spectacle Dirty Dancing) et du nouveau slogan du croisiériste : «Let’s holiday» – partons en vacances, «holiday» étant l’équivalent anglais de l’américain «vacation». Mais l’accent italien en plus. Leader européen aux Etats-Unis, MSC assume ses origines, parfois jusqu’au kitsch quand les officiers défilent sur Con Te Partiro d’Andrea Bocelli. Ou sur le très premier degré Heal The World de Michael Jackson pour la présentation des initiatives écologiques…
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C’est que l’armateur a investi massivement pour le verdissement de sa flotte, comme le soulignait Patrick Pourbaix, directeur général pour la France, quelques heures avant le grand raout, à la terrasse de l’un des innombrables cafés du paquebot propulsé au Gaz naturel liquéfié (ou GNL). «Nous serons probablement en avance sur les objectifs fixés par l’OMI (l’Organisation maritime internationale, qui a demandé au secteur d’atteindre le zéro émission nette en 2050, NDLR).». Cela n’empêche pas la critique, surtout en France. Délit de faciès ? «On dit nos navires trop polluants, mais selon de récentes études, si l’on rapporte les émissions au nombre de passagers, une semaine en mer ne représente pas plus qu’une semaine de vacances ailleurs.»
Dans la foulée du navire, la compagnie inaugurera sa réserve marine sur Ocean Cay, ancienne île-poubelle des Bahamas transformée en escale paradisiaque. Les tortues sont revenues pondre, les voyageurs peuvent venir les observer en snorkeling, en paddle ou à bord de kayaks transparents. Du moins, ceux qui souhaiteraient quitter le navire : entre les 6 piscines, les 19 restaurants, les 20 bars, le casino, le «cliffhanger», sorte de balançoire géante suspendue au faîte du bateau et le théâtre où se tiennent chaque soir des représentations dignes de Broadway, il y a de quoi légitimement oublier de mettre le nez dehors. «Les Français n’aiment pas la croisière car ils ont l’impression qu’ils vont être les uns sur les autres. C’est tout l’inverse en réalité», assure Patrick Pourbaix, qui déplore que moins de 600.000 Français partent en croisière chaque année contre plus de 2 millions d’Allemands . «J’aime à dire qu’ils aiment la croisière mais ils ne le savent pas encore.» Dans l’intervalle, nul n’est prophète en son pays.
Si MSC se targue de son ADN européen, le World America assume sans ambages, c’est d’ailleurs écrit dessus, viser plutôt la clientèle américaine, très friande de croisières. Pour les autres, il y a son «sistership», le World Europa, qui fraie plutôt du côté de la Méditerranée. À quelques mètres de notre terrasse, une scène incongrue : devant une assemblée de badauds, Orlando Bloom s’essaie au toboggan qui permet de descendre en quelques secondes les ponts supérieurs du navire. Ce soir-là, le croisiériste aura offert aux Américains deux de ses icônes. Le pirate des Caraïbes et la fillette d’ET devenue présentatrice star. Nul doute que le World America en deviendra vite une troisième. Avant, qui sait, de conquérir le cœur des Français ?
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