Naufrages, incendies… Le tourisme de plongée en mer Rouge est-il maudit ?
La très touristique côte égyptienne a été marquée par une tragique série d’accidents, dont le dernier est le naufrage d’un sous-marin. Quelques précautions d’usage peuvent toutefois permettre d’éviter des drames.
Naufrages, incendies… Depuis 2023 et à un rythme pluriannuel, la côte de la mer Rouge, en Égypte, a été marquée par une série tragique d’accidents impliquant des touristes. Suffisamment pour interpeller le bureau britannique d’enquêtes maritimes (ou Marine Accident Investigation Branch) pour qu’il questionne les autorités égyptiennes, lesquelles sont souvent accusées de laxisme en matière de législation et de contrôles. Avant d’embarquer sur un bateau pour une croisière de plongée, quelles précautions prendre ?
Se renseigner sur les bateaux
« Pour caser plus de passagers, 32-36 contre 26-28, les armateurs actuels construisent en hauteur, sans étude de stabilité, sans norme, sans certification, témoigne Jean Hénon, fondateur de la compagnie Seafari, qui opère en Égypte depuis plus de 30 ans. L’accident du Sea Story est dû à une mauvaise conception. Ce yacht était un HLM fait pour couler ! ». Depuis des années, Jean Hénon fait construire ses propres bateaux à Alexandrie, où les charpentiers sont réputés pour leur savoir-faire sur les coques en bois. Aujourd’hui, elles sont en acier et le personnel n’est pas forcément qualifié pour ce nouveau matériau.
« Mon prochain bateau est dessiné en France, avec étude des ponts en Bretagne, explique-t-il. Tout est calculé : poids-hauteur, cloisons étanches, câblages électriques. Nous demanderons une certification internationale pour embarquer 24 passagers ». En mer Rouge, le vent souffle régulièrement, c’est d’ailleurs un haut lieu du kitesurf tout autant que de la plongée. Le réchauffement climatique modifie les conditions météo, l’eau est très chaude, vent et courants sont extrêmement violents. Sur un bateau trop haut, cela ne pardonne pas : il se couche.
Notre conseil : évitez les bateaux à trois ponts. N’embarquez que dans des bateaux de faible capacité. Renseignez-vous sur la taille du bateau qui vous est proposé, son âge, ses certifications.
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Partir avec un tour opérateur (TO)
Avec le lancement de lignes aériennes à bas prix, il est tentant d’organiser son voyage soi-même. Mais cela signifie se retrouver seul, dans un pays où la langue et l’alphabet diffèrent complètement des nôtres, à essayer de résoudre des problèmes de logistique quand le voyage tourne au cauchemar. S’adresser à un tour-opérateur est certes plus cher mais cela offre des avantages : « Nous avons l’obligation légale d’assister les clients dans tous les cas de figure, souligne Gérard Carnot, fondateur de l’agence spécialisée Ultramarina. Les prendre en charge, les rapatrier si besoin en payant leurs frais de retour aériens. Toute bonne agence doit réagir de cette façon, selon les directives européennes. L’assistance est primordiale, car les gens à qui cela arrive sont généralement choqués ».
Ses équipes visitent régulièrement les bateaux des prestataires et demandent chaque année les copies de leurs assurances, notamment de la Responsabilité Civile (RC). Chaque client est interrogé sur la tenue du bateau et le comportement de l’équipage au retour du séjour.
Notre conseil : il existe de très nombreux tour-opérateurs plongée, qui connaissent parfaitement la mer Rouge et l’Égypte. Fiez-vous à eux.
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Ne pas penser au prix, mais à la sécurité
« Le naufrage, c’est ce qui risque de se produire quand les gens tirent les tarifs vers le bas et que les voyageurs pensent qu’ils auront les mêmes services qu’avec un yacht de plongée digne de ce nom, précise Claire Le Saux, responsable voyage chez Awateha Plongée. La coque du bateau du MY Seaduction s’est fendue en deux lorsque le capitaine a tenté de traverser par mer agitée, alors que tous les autres bateaux s’étaient protégés au mouillage, notamment ceux avec lesquels nous travaillons ».
Et après avoir été sauvé in extremis d’un navire qui a coulé ? « Plus de passeport, plus de téléphone, plus d’affaires personnelles ». Quand on se retrouve seul, c’est l’Everest. Alors que le TO dispose des doubles des passeports, connaît le consul de Hurghada, possède un réceptif égyptien qui s’occupera de tout, trouvera logement de secours et vol de rapatriement.
« N’attendez pas d’avoir une mauvaise expérience, résume René-Marc Chikli, président du SETO (Syndicat des entreprises du tour operating). Confiez vos voyages à des professionnels qui ont des obligations de garantie, qui sécurisent votre départ, votre séjour et l’après séjour ». Ce sont eux qui peuvent faire jouer les assurances si vous avez perdu votre matériel de plongée par exemple. « Il ne faut jamais se tourner vers des tarifs bradés et des prestaires inconnus, c’est suspect, conclut Sylvie Turpin, du club Alyzée de Hurghada. La sécurité et la vie n’ont pas de prix ».
Notre conseil : vérifiez votre assurance voyage, gardez vos papiers et clés dans un sac étanche.