voyager solo, ils ont tenté et ils regrettent


TÉMOIGNAGES – C’est une aventure que certains plébiscitent, tandis que d’autres en ressortent déçus. Liberté absolue, découverte de soi… Oui, mais la réalité est parfois plus contrastée. Entre épanouissement et solitude, ces voyageurs racontent leur expérience.

Mieux vaut voyager seul que mal accompagné ? De plus en plus de Français choisissent de partir sans accompagnant. Selon Opodo, agence de voyages en ligne, 36% ont voyagé seuls en 2023, poussés par une quête personnelle, un besoin d’autonomie ou une simple opportunité. Anaïs, 41 ans, mannequin, apprécie cette liberté : « À Prague, à Athènes ou à Milan, j’ai toujours adoré partir seule : tu te lèves à l’heure que tu veux, tu choisis le musée que tu veux, sans compromis. »

L’introspection

Une liberté glamourisée dans le film américain Mange, Prie, Aime (sorti en 2010) avec Julia Roberts. Inspiré du livre éponyme, il illustre le voyage introspectif d’une femme après une rupture amoureuse. Anaïs confirme : « Cela favorise incontestablement l’introspection. Je suis partie seule entre deux contrats de travail et quand je suis revenue, je me suis demandé ce que je faisais là. Le voyage m’a clairement aidé à prendre de la distance sur ma carrière ».

Camille, 26 ans, journaliste, s’est envolée pour un mois en Thaïlande en pleine période de doutes. Au beau milieu de la forêt du parc national de Chiang Mai, elle a une prise de conscience. « J’ai regardé le paysage et ça m’a beaucoup émue. Je n’ai pas beaucoup voyagé quand j’étais petite et j’ai réalisé la chance que j’avais de vivre cette expérience. J’étais reconnaissante envers moi-même. » Celle qui doutait en permanence a appris à prendre des décisions : « Partir seule m’a beaucoup aidée car j’étais obligée de tout décider sans l’aide de personne. Pour choisir un restaurant, je jouais à pile ou face. Et j’ai d’ailleurs gardé cette habitude depuis ! »

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Quand le rêve vire au cauchemar

Mais cette aventure n’est pas sans risque. Axelle, 35 ans, à la tête d’une marque d’accessoires, a voulu partir au soleil après un licenciement. Aucun de ses proches n’étant disponible, elle décide de s’envoler pour Bangkok. Son voyage s’est mal terminé : piquée par des moustiques dans un jardin botanique, elle a contracté la dengue. Une maladie virale qui, dans certains cas, peut être fatale. « Elle s’est déclarée le dernier jour », raconte-t-elle. « C’était un enfer. J’étais fatiguée, je tremblais, j’étais immobile au bord de la piscine. Une fois que la crise s’est calmée, je me suis traînée jusqu’à l’hôtel puis jusqu’à l’aéroport car je n’avais pas du tout les moyens de prolonger mon vol et je ne voulais pas me faire soigner à l’étranger. » Elle a été hospitalisée et soignée en France à son retour. Mais ce périple lui a fait prendre conscience du danger que peuvent représenter des vacances en solitaire.

Pour Arnaud, le voyage dont il avait tant rêvé – six mois pour découvrir l’Asie du Sud Est – n’a pas été de tout repos. Cet autoentrepreneur de 31 ans a choisi de visiter huit pays seul mais il a enchaîné les péripéties : à la frontière malaisienne, attendre trois heures dans une foule immense ; à Kuala Lumpur, un chauffeur de taxi qui s’endort au volant… Il a aussi vécu l’enfer dans une auberge miteuse : « Un cagibi sans fenêtre où, en pleine nuit, un homme ivre a essayé d’entrer dans ma chambre. » Ses mésaventures ne s’arrêtent pas là : un trek en Birmanie dans une zone non déminée, des animaux agressifs dans une jungle, un accident de scooter, une infection du pied au Laos… « J’ai commencé à avoir mal au pied, puis j’avais mal dans toute la jambe. Le médecin de l’hôpital local a sorti un bistouri non désinfecté et l’a planté dans mon pied. » Heureusement pour lui, les médicaments ont fait effet.

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Voyager seul, mais préparé

Le secret d’un voyage solo réussi ? L’anticipation. Camille recommande d’éviter les situations à risque : « Ne pas sortir trop tard et privilégier les endroits fréquentés. » Anaïs préconise de voyager léger : « Il faut éviter de se surcharger avec des bagages lourds, surtout si on a un circuit avec plusieurs étapes. » Axelle met en garde contre la météo et la saison : « Moi qui voulais profiter du soleil, je me suis retrouvée avec 20 centimètres d’eau lors d’une inondation à Koh Phi Phi ». Et même avec une excellente préparation, la solitude peut peser. « Dîner seule au restaurant était parfois pesant », confesse-t-elle. « J’aurais préféré partager certains moments avec une copine. » Arnaud raconte : « Arrivé en Indonésie, sans internet, sans personne qui parle anglais, je me suis demandé ce que je faisais là. »

Mais tous s’accordent sur un point : qu’elle soit positive ou négative, une expérience en solo est toujours enrichissante. Axelle précise : « Je pense qu’un voyage seul permet, quoiqu’il arrive, d’apprendre beaucoup sur nous et sur notre rapport à la solitude ». On découvre ses forces, ses limites et sa capacité à s’adapter. Mais pour certains, une chose est sûre : la prochaine fois, ils partiront accompagnés.



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