Week-end à Beaune, l’enchantement d’une capitale de l’œnotourisme
GUIDE – La cité bourguignonne connaît à l’automne sa plus belle montée de sève. La 164e vente des Hospices est l’occasion de célébrer sa culture, son sens de la fête et son hospitalité.
Chaque troisième mercredi de novembre, Beaune, cette petite cité médiévale aussi paisible que le dormeur du val le reste de l’année voit sa population de 20.000 âmes multipliée par vingt ! Ce qui fait d’elle l’une des destinations phares de l’œnotourisme à l’échelle européenne, avec une vente aux enchères organisée au sein de ses vénérables Hospices. Une splendeur ! On se presse pour découvrir l’emblème de la Bourgogne.
Cet ancien hôpital fondé en 1443 par Nicolas Rolin – le chancelier du duc de Bourgogne – et son épouse, Guigone de Salins, alors que sévissaient misère et famine, pour venir en aide aux malades et aux nécessiteux. Ces hospices resteront actifs jusqu’en 1960, deviendront musée en 1971, et sont aujourd’hui reconnus comme un véritable chef-d’œuvre d’architecture. L’éclat de sa cour d’honneur, la splendeur de ses toits aux tuiles multicolores et vernissées, les multiples œuvres qu’il abrite, parmi lesquelles le superbe retable du maître flamand Rogier Van der Weyden, laissent un souvenir impérissable.
Or, ce sont ses somptueuses halles qui accueillent la 164e vente des Hospices de Beaune organisées par Sotheby’s le 17 novembre. Lors de la première, en 1859, il s’agissait de récolter des fonds pour financer l’institution, en profitant de la renommée des vins de Bourgogne et de la charité d’amateurs de grands vins du monde entier. Depuis, c’est le clou de la vente, la « Pièce des présidents », qui sert les bonnes œuvres d’une association pour la défense des droits de l’homme et de la nature. Cette année, l’heureuse élue est One Health, qui promeut les interactions entre la santé humaine, la santé animale et les écosystèmes. Cette nouvelle édition promet trois jours de fête, de découverte et de dégustations, en faisant revivre le passé glorieux d’une ville qui n’a de cesse de nous émouvoir.
Hospices de Beaune, le 17 novembre à 14 h 30. sothebys.com
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Visites
1. Les Festivinales
La place Carnot est en effervescence, hérissée de multiples stands de dégustations et d’artisans. Entre ces îlots, où règne en continu une odeur de moût de raisin frais, de gougère chaude et de jambon persillé, circulent vignerons, habitants et visiteurs, au son des fanfares. Afin d’en profiter pleinement, il faudra accepter de renoncer à l’exhaustivité, tant l’offre des Festivinales est replète et paraît s’étoffer chaque année : initiation aux grands crus beaunois et à ses multiples Climats, concours de débouchage de bouteilles, ateliers de tonnellerie, activités pour enfants, concerts gratuits, déambulations musicales, et même un semi-marathon ! Soit largement de quoi patienter avant – ou pendant – la vente, et profiter de l’ouverture exceptionnelle de lieux fermés au public, ainsi que des tables exceptionnellement ouvertes pour l’occasion.
Place Carnot. Du 15 au 17 novembre. Tél. : 06 23 53 21 09. lesfestivinales-beaune.fr
2. Terra
Il reste encore quelques jours pour profiter de Terra, exposition collective qui « explore le concept de terroir à travers une rencontre entre l’art, le patrimoine et la passion viticole », selon l’intention de ces deux commissaires, Jenn Ellis et Emie Diamond. Ainsi, des lieux historiques et privés se transforment en galeries immersives, où sont présentées les œuvres d’une cinquantaine d’artistes français et internationaux, de la peinture à la céramique en passant par la sculpture et les installations in situ. Parmi les trois adresses retenues pour cette deuxième édition, faisons escale à la Résidence de Moyne-Blandin, magnifique demeure néoclassique classée des années 1780, où l’on peut admirer les sculptures en jesmonite de Jodie Carey, disposées dans une salle inspirée de l’art égyptien, ainsi que les tableaux délicats de Johanna Bath et Julia Kowalska. Jusqu’au 17 novembre.
Résidence de Moyne-Blandin, 40, rue Maufoux. Entrée gratuite. terraexhibition.com
Où dormir ?
3. Maison 1896
Sans doute l’une des ouvertures les plus attendues de l’année, dans un paysage hôtelier longtemps figé dans l’ambre. Un boutique-hôtel aux allures de maison vigneronne de luxe, né de l’amitié entre la famille Drouhin et l’hôtelier David Fink, Américain passionné de Bourgogne, qui aura mis de longues années à rénover cet ancien bâtiment laissé à l’abandon durant trente ans, abritant autrefois les bureaux d’EDF. Balcons d’époque, vitraux, boiseries, les parties communes à elles seules se prêtent au choc esthétique. L’escalier central mène à 14 chambres et suites, où les parquets et velours rivalisent d’élégance, et les salles d’eau inciteraient presque à se prendre pour un châtelain le temps d’un bain. Un classicisme paisible aux étages comme au bar – où trône une carte des vins dantesque –, réveillé par une table étonnamment tournée vers l’Asie. Aux commandes, un certain Charles Phan, star de la cuisine vietnamienne moderne en Californie.
À partir de 310 € la chambre double. 2, place Fleury. Tél. : 03 79 48 00 98. maison1896.com
4. Clos Sainte Marguerite
Difficile de supposer l’existence de cet hôtel particulier donnant sur un patio en pierres de Bourgogne du centre-ville, dissimulé derrière une imposante porte en chêne massif, et transformé en maison d’hôtes de 4 chambres. On y apprécie le décor mêlant sobriété et douceur réconfortante d’une maison de famille, avec, au rez-de-chaussée une salle chauffée par une grande cheminée, des meubles et un plancher délicatement patinés, aux côtés d’un majestueux zinc orné d’une frise signée du dinandier Pierre Michon. Dans les chambres, une atmosphère bourgeoise qui se décline sur différents styles – Art déco, bourguignon ou retour des Indes – avec une literie de compétition, et un calme quasi olympien.
À partir de 250 € la chambre double. 17, rue Sainte-Marguerite. Tél. : 03 80 80 00 69. leclossaintemarguerite.com
À table !
5. Les Caves Madeleine
Bientôt dix ans que le chef Martial Blanchon officie dans cette table d’hôtes iconique du centre-ville, où vignerons, fins gourmets beaunois et touristes bien renseignés réservent leur coin de paradis sous la voûte, adossé à une carte des vins alignant plus de 1 000 références issues de l’ensemble de l’Hexagone. Exceptionnellement ouvert le dimanche jusqu’au soir de la vente. Au menu dégustation ou à la carte, des plats emblématiques de la maison : velouté d’oignons et raviole ouverte ; jarret de veau confit dans un bouillon avec escabèche d’aromates et câpres ; crème glacée au foin à la mousse aérienne de yaourt de brebis et noisettes caramélisées du Piémont… Le tout enveloppé dans un service en douceur.
Menu entrée, plat, dessert à 29 € le midi, 60 € le soir. 8, rue du Faubourg-Madeleine. Tél. : 03 80 22 93 30. cavesmadeleine.com
6. Enstase
Petite nouvelle dans le paysage gastronomique beaunois, cette cave à manger ouverte par Claire Leflaive et Pierre-Olivier Soares détonne par sa devanture rose pastel, et son offre pléthorique de vins en bio et biodynamie échappant aux folies de la spéculation. Dans une salle en bois clair où s’étend une longue table invitant à se serrer les coudes ou autour des fûts peinturlurés disposés en devanture en ce dimanche d’ouverture, on se risque à l’accord étonnant entre les cuvées alignées sur étagères et une sélection de baos joufflus revisités à la sauce beaunoise. Parmi ceux-ci, d’exquis spécimens fourrés à l’époisses et au poivre ; comté, oignons, curry et vin jaune ; poitrine de porc fondante de la ferme de Clavisy, coriandre, cacahuètes ; chocolat Valrhona, sel Maldone, et émulsion de crème.
Entrée, bao, dessert : 7 € à 12 €. Plats : 10 € à 19 €. 5, rue Vergnette-de-Lamotte. Tél. : 09 71 31 10 17. enstase.com
Ateliers
7. Librairie Athenaeum
Institution littéraire beaunoise campée en face des Hospices, une librairie aux allures de cave au trésor, abritant non moins de 3 000 références spécifiquement dédiées à l’univers du vin – mais aussi une solide sélection de bouteilles, de verrerie et d’accessoires en tout genre. En ce week-end de vente, le lieu se transforme en véritable fourmilière, au gré d’un cycle de signatures d’auteurs français et internationaux de premier plan, parmi lesquels l’Américain Douglas Kennedy, qui signera son nouveau roman, Ailleurs, chez moi, et un florilège d’écrivains et illustrateurs passionnés de bonne chère invités pour l’occasion.
5, rue de l’Hôtel-Dieu. Tél. : 03 80 25 08 30. athenaeum.com
8. L’atelier de Norma Michalik
Illustratrice beaunoise nourrissant une passion pour le dessin depuis l’enfance, formée dans une école d’arts de Nantes tout en restant viscéralement attachée à sa terre viticole natale, on doit à Norma Michalik d’avoir signé l’affiche de cette édition 2024 des Festivinales. Avec un univers où l’on reconnaît l’influence de l’illustrateur américain Joseph Christian Leyendecker, elle se plaît à détourner gouache, huile et acrylique sur des caisses de vin aux motifs évoquant les contours des paysages bourguignons, et dédicacera tout au long du week-end ses affiches sur l’un des stands de la place Carnot.
Ateliers itinérants, du 15 au 17 novembre, stand Festivinales, place Carnot. Tél. : 03 80 26 21 30. beaune-tourisme.fr
Excursions
Château de Chevigny-en-Valière
Il faudra s’extraire de la foule du centre-ville pour atteindre ce bijou architectural napoléonien niché dans la commune de Chevigny-en-Valière. Un bâtiment classé qui se visite tout au long de l’année, accueillant en cette première quinzaine de novembre et jusqu’au jour de la vente les œuvres des artistes contemporains Danh Vo, Wolfgang Tillmans, Niamh O’Malley, Mia Chaplin, ainsi qu’une performance sonore de la poétesse Greta Bellamacina, le long du somptueux escalier en marbre de carrare dessiné par Charles Garnier. Sans oublier les bouleversants moules de porcelaine dispersés au sol de Nino Sarabutra, et la statue de sel animée de Mariana Hahn, dans un art du contraste qui laisse sans voix.
23, rue Mercey, 21200 Chevigny-en-Valière. Entrée gratuite. château-de-chevigny.com
Maison Evenstad
Situé au cœur de Santenay, sur la bucolique place aux jets d’eau, un lieu exceptionnel à visiter quelle que soit la météo. Ancienne propriété de la famille vigneronne Duvault- Blochet, la bâtisse abritant d’impressionnantes caves voûtées du XIXe siècle sur deux niveaux a été rachetée avant d’être rénovée de fond en comble par les propriétaires américains du domaine Serene, originaire de l’Oregon. Un lieu où l’on vinifie et élève des crus issus des plus augustes Climats, de Meursault à Gevrey-Chambertin en passant par Volnay et Pommard. D’une simple visite à une dégustation, l’occasion de découvrir un aspect singulier de la Bourgogne haute couture.
Expérience découverte, immersion et grand tasting de 25 € à 89 €. 1, place du Jet-d’Eau, 21950 Santenay. domaineevenstad.fr