à Thiers, un week-end au fil de la lame
GUIDE – Riche d’une histoire médiévale et artisanale omniprésente, la cité auvergnate accueille la 34e édition du festival international Coutellia, voyage dans l’univers de la coutellerie.
Édifiée sur les flancs escarpés de la vallée de la Durolle, face à la vertigineuse chaîne des Puys, la ville de Thiers jouit encore des vestiges d’une époque dorée. Au détour d’une ruelle, les maisons à colombages, à encorbellements ou bien encore à tourelles, se dévoilent dans la partie haute de la cité. Certains lui prêtent des airs de Toscane au soleil couchant ou bien de Cévennes. Dans ce bourg médiéval, le promeneur se surprend à imaginer son passé industriel tant un artisanat omniprésent a forgé sa renommée à l’international : la coutellerie. Il y a encore moins d’un siècle, plusieurs centaines d’opiniâtres paysans-couteliers œuvraient le long de la rivière, en contrebas de la ville, en parcourant quotidiennement des sentiers encore visibles. Aujourd’hui, ils ne sont plus que quelques dizaines et la vallée encaissée des usines pourrait sonner creux après l’abandon des ateliers. C’était sans compter sur la solidarité d’irréductibles artisans, désireux de faire rayonner leur savoir-faire.
Ainsi a été créée la manifestation internationale Coutellia. Chaque année, le temps d’un week-end, Thiers devient la capitale mondiale de la fine lame de la coutellerie. L’événement réunit 230 couteliers et couteliers-fabricants originaires des quatre coins du monde. La prochaine édition a lieu les 17 et 18 mai. L’occasion rêvée pour tous les amateurs de découvrir les techniques et spécificités venues d’ailleurs ainsi que des pièces de collection. Pour cette 34e édition, seront notamment exposées des lames anciennes : daille du XVIe siècle, couteaux plats, fermants des XVIIe et XVIIIe siècles ou encore des couteaux de vénerie et de chasse… Un voyage dans l’histoire des arts de la table.
Billet journée : 10 € ; week-end : 15 €, avec visite du salon, accès au village coutelier et au Musée de la coutellerie. Gratuit pour les moins de 15 ans. Z.I. du Breuil, avenue du Progrès. Tél. : 04 73 43 43 40. coutellia.fr.
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Visites
1. Le centre d’art contemporain du Creux de l’enfer
Si dans la cité thiernoise bien des coutelleries ne sont plus en activité, toutes les impressionnantes bâtisses de la vallée des usines n’ont pas connu le même destin. Plusieurs d’entre elles ont la chance de goûter à une seconde vie parfois… artistique. Ce surprenant mélange des genres s’illustre à travers l’évolution de l’usine du Creux de l’enfer, dont les premiers indices d’industrie remontent à 1476 avec l’installation d’un rouet à émoudre. Le site historique, labellisé Centre d’art contemporain d’intérêt national, accueille désormais plusieurs expositions dans un véritable palimpseste architectural. Le bâtiment brut en béton, construit à même la roche et doté de nombreuses baies vitrées, offre un cadre artistique singulier. L’usine voisine du May se visite également et peut-être rejointe en empruntant le fil de l’eau réservé aux promeneurs le long de la Durolle. Une belle occasion d’admirer une cascade que l’on croyait autrefois habitée par des fées au cœur d’un lieu toujours associé à plusieurs légendes.
Le creux de l’enfer
Du mer. au dim. de 14 h à 18 h 30. Gratuit. 83, av. Joseph Claussat. Tél. : 04 73 80 26 56. creuxdelenfer.fr
2. Le Musée de la coutellerie
En flânant dans les ruelles médiévales de Thiers, difficile de ne pas être happé par une immersion dans le Musée de la coutellerie. Et ne vous fiez pas à sa petite entrée, ce lieu regorge de découvertes. Un voyage dans le temps et sur tous les continents en 700 pièces du XVIe siècle à nos jours, qui témoignent du savoir-faire des couteliers, de la diversité des formes et de leurs évolutions en fonction des modes de vie, des techniques et des matériaux. Une invitation à découvrir l’objet couteau, l’élégance des arts de la table et à s’émerveiller devant des pièces de coutellerie fine en nacre, ivoire et or. D’autres étonneront de par leurs dimensions : près de deux mètres pour un immense couteau trônant derrière une verrière. La visite se conclut par un échange avec des artisans professionnels jamais avares en anecdotes et en démonstrations.
Felix de MalIeray
Entrée : 6 € ; gratuit pour les moins de 10 ans. 23 et 58, rue de la Coutellerie. Tél. : 04 73 80 58 86. ville-thiers.fr/musee-de-la-coutellerie.
Où dormir ?
3. Le Clos St-Éloi
À quelques minutes seulement du centre historique de Thiers, Le Clos St-Éloi est blotti dans un sublime parc aux arbres centenaires. L’élégant 4-étoiles aux 31 chambres spacieuses s’inscrit parfaitement dans sa nature environnante. Quiétude, confort et harmonie des teintes en font un cadre reposant avant de partir à la découverte du patrimoine local. Autre atout et non des moindres : la carte de son restaurant, contrairement aux autres tables de Thiers, associe aussi bien des poissons et fruits de mer que des saveurs régionales. Ainsi du poulet d’Auvergne en gigolette farcie aux épinards et cantal entre-deux, avec riz étuvé à la cardamome. Sur la terrasse au milieu du parc on se croirait en pleine campagne, un cocon tel qu’on en oublierait la proximité d’un grand axe routier. À partir de 116 € la chambre double.
49, av. du Général-de-Gaulle. Tél. : 04 73 53 80 80. clos-st-eloi.fr
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4. L’Aigle d’or
En quête d’une nuit au cœur des charmantes ruelles du centre ? L’Aigle d’or se pose en hôtel idéal à quelques mètres d’un panorama sur les reliefs auvergnats que subliment les dernières lueurs du jour. Dans un cadre chaleureux et raffiné, ce 3-étoiles propose 19 chambres simples mais confortables et étonnamment calmes malgré la proximité de la ville. Son histoire est passionnante. Érigé en 1835, l’Aigle d’or doit son nom au passage de Napoléon à Thiers. Jadis relais de poste sur la route de Clermont-Ferrand à Lyon, il a également accueilli George Sand lors de la rédaction de La Ville noire et son ami Balzac. On se plaît à en découvrir davantage auprès de son intarissable propriétaire. Dans une impressionnante salle de réception, des dorures rappellent son nom. Ce lieu empreint de souvenirs et de récits séduira assurément les plus curieux. À partir de 70 €.
L’Aigle d’or
8, rue de Lyon. Tél. : 04 73 80 00 50. hotel-aigledor-thiers.com
À table !
5. Le Croustou
Coutellerie et gastronomie sont naturellement associées. Rien de mieux pour en profiter qu’un restaurant où se dégustent spécialités régionales et autres produits du terroir. Accueillis par de sympathiques propriétaires, vous trouverez au Croustou une halte de choix avec, près des tables, une vitrine dans laquelle sont exposés des couteaux de luxe. Au menu : la cuisine traditionnelle auvergnate. Hormis l’indétrônable truffade, association de tome fraîche, d’ail et de pommes de terre qui accompagne bien souvent l’entrecôte, on y déguste le chou farci, les tripous, le saint-nectaire rôti et le pied de cochon farci ! Le goût du voyage régional. Compter 18 à 20 € le plat.
4, place du Palais. Tél. : 04 73 53 98 64. le-croustou-restaurant-thiers.fr.
6. Le Chaudron
Atypique et convivial, Le Chaudron se découvre au détour d’une ruelle du centre-bourg, sur les hauteurs du quartier médiéval. L’ambiance est intimiste entre les pierres de cette ancienne cave emblématique du XVIIe siècle. On peut lui préférer son patio. Et la cuisine est de terroir, généreuse et raffinée. Mention spéciale à la saucisse de choux, typique de l’Auvergne, dont la singularité gustative ne laisse personne indifférent. Menu typique du Chaudron (entrée + plat + fromages ou dessert) : 28 €.
10, rue Denis-Papin. Tél. : 04 73 80 09 67. restaurant-lechaudron63.fr
Expériences
7. Fabriquer son couteau chez Robert David
Pour apprécier la spécificité d’un savoir-faire, s’y essayer est sans aucun doute indispensable. Et les couteliers locaux l’ont bien compris en ouvrant les portes de leurs ateliers aux visiteurs afin de leur confier leurs outils. Ainsi, la coutellerie Robert David, installée à Thiers depuis cinq générations, propose la réalisation du couteau « le Thiers » traditionnel. Deux heures pour s’initier aux différentes techniques et assimiler tout un vocabulaire inconnu dont on se demande parfois si certains mots ont bien leur place dans le dictionnaire. L’ajustage du manche avec la mitre et le rivetage du ressort aux platines n’auront plus aucun secret pour vous. Des opérations parfois délicates associant finesse et minutie. Les étapes les plus complexes sont réalisées par les artisans, qui façonnent, polissent et aiguisent votre couteau avec lequel vous repartez. En prime : la gravure de votre prénom sur le manche.
Atelier de montage à partir de 50 €. 94, av. des États-Unis. Tél. : 04 73 80 07 77. robert-david.com
La randonnée de la vallée des Rouets
C’est un autre pan de l’histoire de la cité coutelière. Deux sentiers longeant la Durolle, totalisant trois kilomètres, partent sur les traces des émouleurs, ces artisans allongés sur une planche au-dessus de leur meule pour donner le tranchant à la lame. Leurs ateliers ou « rouets » ont été progressivement désertés à partir des années 1930, mais plusieurs éléments subsistent sur le parcours. Et si votre curiosité est titillée, vous pouvez visiter le dernier rouet Chez Lyonnet, encore en état de marche. Voir la roue tourner, entendre claquer les courroies et découvrir les conditions de travail des émouleurs est une expérience à ne pas manquer.
Départ du lieu-dit Château-Gaillard. Ville-thiers.fr/la-vallee-des-rouets
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Excursions
Le château d’Aulteribe
Le patrimoine historique du bassin thiernois ne repose pas uniquement sur son artisanat coutelier. Se dresse, à une quinzaine de kilomètres de la ville, au cœur du parc naturel régional du Livradois-Forez, le château d’Aulteribe. Si l’architecture de l’édifice du XIIIe siècle s’admire, son intérieur va en surprendre plus d’un. Il s’agit là de l’une des demeures les mieux meublées de France, des fastes du salon à l’intimité des chambres, avec des pièces estampillées des meilleurs ateliers parisiens des XVII et XVIIIe siècles. Chaque pièce nécessite d’instructives explications tant chaque objet est associé à un pan de l’histoire. À ceci s’ajoute une collection d’œuvres dont la place dans les plus grands musées de l’Hexagone ne serait pas illégitime. Comme ce portrait du cardinal de Richelieu par Philippe de Champaigne, qui vous observe pendant la visite.
Entrée : 7 € ; gratuit pour les moins de 26 ans. Château d’Aulteribe, à Sermentizon. Tél. : 04 73 53 14 55. chateau-aulteribe.fr
En calèche à travers champs
Séjourner en Auvergne sans en arpenter sa somptueuse campagne serait une ineptie que chacun regretterait rapidement. Pour découvrir les paysages du Livradois-Forez en toute sérénité, on monte dans la calèche de Marianne et Laurent, deux passionnés au grand cœur. Une heure ou une journée de balade, bercée par le bruit des sabots des chevaux comtois élevés dans leur ferme du Pré fleuri. On peut poursuivre avec une visite de l’exploitation, où l’on retrouve une multitude d’animaux. Et conclure dans la petite boutique de vente à la ferme. À partir de 6 participants, 16 € par adulte, 12 € pour les moins de 12 ans. Possibilité de balade privée pour 2 à 4 personnes (75 € l’heure).
Crédit presse
Lieu-dit Lavenal, Sermentizon. Tél. : 04 73 53 00 98. fermeduprefleuri.com