Destination Béziers, la splendeur retrouvée


En quelques années, la sous-préfecture de l’Hérault a retrouvé son lustre d’antan, quand la culture de la vigne avait fait d’elle la cité la plus fortunée du sud de la France. Labellisée depuis peu Ville d’art et d’histoire, la belle occitane mérite une (re)découverte attentionnée.

Qu’importe si Montpellier lui a damé le pion comme cité-phare du département. Si Sète joue les stars dans les séries télé. Béziers voit sa cote d’amour grimper. Naguère encore point sur la ligne du TGV ParisBarcelone, celle qui se targue d’être la plus vieille ville de France, 2700 ans d’histoire, redevient une étape choisie. Comme au temps où le beau monde, riches vignerons et négociants en vin, s’y bousculait. En cinq ans à peine, la sous-préfecture de l’Hérault s’est refait une beauté à grands coups de ravalements et rénovations.

Sa dernière métamorphose datait du milieu du XIXe siècle. En pleine prospérité viticole, la cité médiévale et Renaissance avait pulvérisé ses fortifications pour gagner du terrain. Depuis il y a, si l’on peut dire, deux villes en une, l’ancienne dominée par la cathédrale Saint-Nazaire, fourmillant de ruelles pentues et d’hôtels particuliers. Et la « nouvelle », toute d’immeubles haussmanniens ultra-pimpants, débarbouillés de la noirceur passée, leurs balcons de fer forgé repeints dans des tons délicats, verts, bleu, rose…

Les immeubles haussmanniens ultra-pimpants de Béziers Karine Grégoire

Les allées Paul-Riquet en sont le plus bel exemple. Aménagés à la place des anciens remparts, ces Champs-Élysées biterrois marquent la frontière entre les deux époques architecturales. Ces allées ombrées de platanes portent le nom d’un célèbre enfant du pays : Pierre-Paul (de son prénom entier) Riquet, fermier général des gabelles et entrepreneur. Le canal du Midi, creusé au XVIIe siècle entre Sète et Toulouse, fut sa géniale idée. À Béziers, ces eaux douces s’agrémentent en outre de deux ouvrages d’art : les neuf écluses de Fonseranes et le Pont-Canal.

Quelques jours ne suffisent pas pour explorer la ville, arpenter ses avenues, se perdre dans ses petites rues, visiter sites et monuments, la cathédrale, l’église Saint-Madeleine (et le marché bio à ses pieds le samedi matin), l’amphithéâtre romain, flâner au bord du canal. Et encore, il manque les musées, fermés avant même la crise sanitaire, pour récolement de toutes les collections. Lesquelles devraient à terme être regroupées dans l’ancien palais de justice, ex-palais épiscopal.

Labellisée « Vignobles et découverte », la destination Béziers-Méditerranée (la ville et 16 communes alentour) compte également quelque 150 châteaux, dont quelques-uns reçoivent des visiteurs. L’œnotourisme est encore en voie de développement. Mais qui dit Méditerranée pense plages. À une douzaine de kilomètres seulement, Valréas et Sérignan déroulent leurs étendues de sable chaud. Sous le soleil du Midi, exactement.

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La vue à instagrammer : l’acropole

La vieille ville juchée sur son promontoire, la cathédrale Saint-Nazaire et l’Orb qu’enjambe le Pont-Vieux, voici la carte postale biterroise par excellence. Annie Barbaccia / Le Figaro

La vieille ville juchée sur son promontoire et l’Orb qui coule à ses pieds, voilà la carte postale biterroise par excellence. Pour réussir la photo, il faut se poster dans le jardin Emile Aïn, quartier du faubourg, à l’heure où le dernier soleil bronze les eaux vertes du petit fleuve côtier et dore à qui mieux mieux la pierre blonde des monuments de l’«acropole» : la cathédrale gothique Saint-Nazaire et Saint-Celse, son point culminant, le Palais des Évêques néoclassique et sa tour wisigothique, l’ancienne prison et les vestiges des remparts romains et médiévaux… Au premier plan, le Pont-Vieux fut longtemps, jusqu’à l’arrivée du chemin de fer et la construction d’un pont dédié, l’unique accès à la cité. Fermé aux voitures depuis 2019, il est désormais réservé aux piétons, aux cyclistes et autres « trottinétistes ».

Le circuit obligé : découverte en trompe-l’œil

L’histoire de Béziers racontée en fresques murales sur les façades, voilà le bon plan pour découvrir la ville. Annie Barbaccia / Le Figaro

L’histoire de Béziers racontée en fresques murales sur les façades, voilà le bon plan pour découvrir la ville. D’autant que ces fresques dédiées chacune à un personnage sont des trompe-l’œil plus vrais que nature. Commencée en 2016, la collection vient de s’agrandir d’une 17e peinture. Sur chaque bâtiment concerné, un panneau explique la scène représentée. Cette légende des siècles va du XIIIe au XXe et dure près de 4 km (circuit à télécharger sur le site de l’office de tourisme).

À l’angle des allées Paul-Riquet et de la rue Boïeldieu, on apprend ainsi que L’Arlésienne fut inspirée à Alphonse Daudet par ce fait divers biterrois : dans cet immeuble vivait Marie Cauffopé (représentée au balcon), promise, mais infidèle, à François Mistral qui, du coup se suicida. Et c’est par l’oncle du jeune homme, le poète Frédéric Mistral, que l’auteur des Lettres de mon moulin apprit le drame qu’il transposa en Provence.

Autre exemple, Jean Moulin, le plus célèbre Biterrois. Place Lavabre, le héros de la Résistance apparaît à la fenêtre du premier étage. Au rez-de-chaussée, est reproduite la galerie d’art qu’il avait ouverte à Nice en 1942, sa couverture de marchand de tableaux pour circuler de la zone libre à la zone occupée.

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La visite spectaculaire : les écluses de Fonseranes

Sur le canal du Midi, les 9 écluses de Fonseranes forment un savant dégradé de bassins de 10 m à 37 m de long. Karine Grégoire

Paul Riquet les appelait « l’escalier de Neptune ». Sur le canal du Midi, les 9 écluses de Fonseranes forment en effet un savant dégradé de bassins de 10 m à 37 m de long. Inscrit au Patrimoine mondial par l’Unesco, le site a été superbement rénové il a quelques années (deux ans de travaux). Les voitures sont désormais reléguées sur un vaste parking arboré et excentré. Et c’est à pied, par un sentier botanique, que l’on arrive sur place. Ouvert à l’année, c’est surtout de mars à novembre que le lieu crée l’attraction. L’hiver en effet, la navigation s’interrompt pendant l’entretien du canal et des écluses par les Voies navigables de France. La maison du Coche d’eau, autrefois lieu d’embarquement des voyageurs, est devenue un restaurant panoramique, « Le 9 », assorti d’une boutique et d’une petite salle de cinéma immersif. L’histoire du canal y est contée sur l’écran, les murs et le sol, 3 € la séance (formidable) de 14 minutes.

Cette visite est à compléter par deux autres sites : le Port-Neuf et le Pont-Canal. Sacré ouvrage que ce dernier, réalisé dès 1858 afin d’éviter aux péniches les dangereux caprices de l’Orb qu’il fallait auparavant traverser. Le pont enjambe le fleuve ainsi franchi nonchalamment par les bateaux, de nos jours des embarcations de loisirs exclusivement.

Quant au petit port fluvial, c’est une bulle de calme, juste derrière la gare. D’un côté, des villas et des péniches d’habitation ancrées à leur pied. De l’autre, quai du Port-Neuf, le départ des croisières-promenades et les anciens entrepôts de marchandises reconvertis en sièges de sociétés. Halte obligée au Café de Plaisance, tenu par la même famille depuis six générations. Nappes à carreaux, banquettes de moleskine, cuisine simple et classique, terrasse sous les platanes… Et un charme délicieusement suranné.

Le rendez-vous insolite : l’atelier du noteur

Pierre Charial est noteur, il réalise les supports de carton ou papiers perforés qui font jouer des instruments automatiques. Annie Barbaccia

Le métier de noteur consiste à réaliser les supports de carton ou papiers perforés qui font jouer des instruments automatiques, autrement dit des orgues de barbarie et des boîtes à musique. « La boîte à musique », c’est justement le nom de l’atelier de Pierre Charial, l’un des derniers noteurs de France. Nichée dans une petite rue, derrière les halles centrales, cette échoppe a tout d’une caverne d’Ali Baba avec ses orgues de barbarie rutilantes et ses murs de rayonnages garnis de partitions à petits trous, pliées en accordéon (encore de la musique). Le catalogue de cette étrange bibliothèque recèle 1.500 titres.

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Le maître de céans explique bien volontiers, démonstration sonore à l’appui, son art et sa passion sous les yeux mordorés de Grapule – « c’était l’année des « G »-, le chartreux gris, et le regard curieux des badauds aimantés par la ritournelle qui s’échappe de la boutique à la porte grande ouverte. Mais c’est uniquement sur rendez-vous qu’on en franchit le pas. Sauf obole, la visite est gratuite.

La boîte à musique, 7, rue du Soleil. Tél. : 06 84 28 59 81.

Le déjeuner original : aux halles centrales

Place Sémard, dans la ville médiévale, un pavillon de style Baltard abrite depuis 1897 les Halles de Béziers. Annie Barbaccia

Place Sémard, dans la ville médiévale, un pavillon de style Baltard abrite depuis 1897 les Halles de Béziers. Fief de 25 commerces, ce marché central est ouvert du mardi au dimanche, de 7 heures à 14 heures. Mais une fois les courses faites, on peut aussi faire cuire, et dévorer sur place, le poisson ou la viande qu’on vient d’acheter. Ce service (2, 50 € la cuisson) est proposé par la Gargote des halles, tenue par Sébastien qui prépare aussi, à la demande, ses frites-maison et/ou une salade (3, 50 €) en guise d’accompagnement.

L’adresse emblématique : l’hôtel Imperator

Édifié en 1870 entre la place Jean-Jaurès et du théâtre, l’Imperator est le plus vieil hôtel de la ville. Annie Barbaccia

En pole position sur les allées Paul-Riquet, entre la place Jean-Jaurès et du théâtre, l’Imperator est le plus vieil hôtel de la ville. Édifié en 1870, cet immeuble haussmannien vient de s’offrir une nouvelle jeunesse, façade ravalée et cœur entièrement repensé dans un style résolument épuré. À chaque étage sa couleur leitmotiv – jaune d’or, marron et kaki, bleu – dans les couloirs et les 42 chambres, côté face (balcons au premier) et côté pile, dont la junior suite. Ni restaurant, ni Spa – c’est un 3-étoiles – et une salle de petit déjeuner un brin tristounette (toute blanche et sans fenêtres) mais dès que le soleil chauffe, on s’attable dans la cour intérieure où les voitures n’ont plus le droit de stationner. En revanche, il y a un garage à vélos. Chambre double à partir de 199 € pour deux nuits avec les petits déjeuners.

L’Imperator, 28, allées Paul-Ricquet, 34500 Béziers. Tél. : 04 67 49 02 25.



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