au ski, ces stations inaugurent les coupe-file


Aux Arcs, une option payante permet depuis 5 ans d’éviter les files d’attente aux remontées mécaniques. Quelques stations emboîtent le pas cet hiver.

Payer plus pour skier plus. Pour le deuxième hiver consécutif, Luc, inconditionnel de ski, s’est offert un forfait avec «coupe-file» valable sur les remontés mécaniques emblématiques des Arcs (Savoie). « Le delta de prix n’est pas énorme et quand il y a du monde aux grandes remontées comme la Transarc [une télécabine qui permet de rejoindre en 13 minutes désormais le sommet du domaine, NDLR] on est content d’esquiver la queue», commente ce quinquagénaire francilien. Il a découvert le service sur place. «Aux sports d’hiver, on n’est pas habitués à passer devant tout le monde, j’ai eu un peu le même sentiment qu’au télépéage mais c’est vrai que j’ai profité de plus de temps pour skier», poursuit-il.

La grande station de Tarentaise a étrenné ce service en France il y a 5 ans déjà, en ciblant les appareils les plus encombrés aux heures de pointe. Et jusqu’à l’hiver dernier, elle était la seule à proposer cette «file rapide» distincte de celle, bien connue, réservée aux écoles de ski. « Nous avons à cœur d’enrichir les forfaits classiques avec des services supplémentaires ou l’accès à d’autres activités que le ski», contextualise Laura Cumin, responsable Marketing d’ADS Domaine Skiable, une filiale de la Compagnie des Alpes, qui exploite les remontées des Arcs et Peisey-Vallandry (200 km de pistes). À l’origine, l’objectif était de «mieux répartir les flux sur le domaine pour la clientèle skieuse, en lui offrant un service supplémentaire», résume-t-elle. Avec 13 remontées équipées d’une borne et une file spécifiques sur l’ensemble du domaine, les «VIP» seraient plus à même d’explorer les recoins du domaine.

Une quarantaine d’euros supplémentaires

Le coupe-file n’est pas commercialisé en produit sec, ni sur le premier niveau de «pack» avec la formule «classique», la moins onéreuse. Il est embarqué sur les deux types de forfaits supérieurs («essentiel» et «premium») vendus à la journée ou pour 6 jours avec accès au domaine Paradiski incluant le grand voisin de la Plagne qui, lui, ne propose pas de coupe-file. Mais aussi, et c’est l’autre intérêt de ce forfait, des activités remisées ou incluses selon la formule : first track (ouverture des pistes), tyrolienne, luge, piscine, demi-journée de ski supplémentaire… Sur le forfait 6 jours, il faut débourser au minimum 41 euros supplémentaires pour glisser vers la première des deux formules et l’accès prioritaire aux remontées.

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Les avis sont très clivés sur les forums en ligne de skieurs. Les uns déplorent par exemple que «cela fait perdre plus de temps à ceux qui n’ont pas payé», les autres suggèrent que «si tu prends un moniteur tu bénéficies aussi d’un accès prioritaire». «La première année, nous avons été interpellés sur le sujet et de nombreux courriers nous sont parvenus, admet Laura Cumin. Mais depuis les habitudes sont prises et c’est même devenu un argument de vente.» Aux Arcs, nombreux sont les clients prêts à payer plus pour skier plus. «La part évolue mais 42% des clients sur la saison souscrivent aujourd’hui un pass Essentiel avec coupe-file». 

«Des skieurs qui profitent pleinement de l’activité»

Serre-Chevalier est la deuxième grande station des Alpes à commercialiser un coupe-file, baptisé «&joy – zéro attente pour plus de ski». Pour 9 € supplémentaires à la journée, ou 54 € de plus pour 6 jours, une file spéciale est accessible dans tous les grands équipements du domaine de 250 km de pistes cher au champion Luc Alphand.

Mais selon Patrick Arnaud, directeur de Serre Chevalier Domaine Skiable (les remontées sont aussi exploitées par la Compagnie des Alpes), l’inspiration n’est pas venue des Arcs. «Il y a 4 ans, nous testions avec quelques habitués du domaine des bornes bluetooth pour permettre aux skieurs d’accéder aux remontées avec leur smartphone et un forfait dématérialisé. Ce faisant, nous offrions un meilleur parcours d’achat sans qu’il soit nécessaire de passer par une caisse, et nous supprimions les cartes plastiques. Mais leur première conclusion a été qu’il était très confortable de bénéficier d’une file spécifique et d’éviter la queue aux périodes ou heures de pointe», relate-t-il.

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Essai transformé en service l’hiver dernier. «Il a démarré lentement. mais cet hiver, nous commercialisons un forfait saison premium 20% plus cher pour profiter de ce service, soit 200 € supplémentaires. Un client sur deux y souscrit», argumente-t-il. Un succès qu’il explique par la cible : «ce sont de gros skieurs qui profitent pleinement de l’activité».

Le service de coupe-file «Fast pass», étrenné cette saison dans les Pyrénées sur 14 stations pour les détenteurs d’une carte de fidélité No Souci Pyrénées, ici à Peyragudes (Hautes-Pyrénées)

«Cela n’enlève rien aux autres, le service n’est pas dégradé»

«&joy» est aussi accessible à la journée pour 9 € de plus et pour 6 jours moyennant une cinquantaine d’euros supplémentaires. Pour le moment, il a du succès surtout pendant les périodes de pointe. L’avenir dira ce qu’il en sera de ces vacances d’hiver. Et des réactions des skieurs. « On peut parler de premiumisation, reconnaît Patrick Arnaud. Mais cela n’enlève rien aux autres skieurs, le service n’est pas dégradé. Les temps d’attente sont aujourd’hui très réduits vu les investissements que nous avons consentis dans les remontées. Je parlerais presque de volonté de reconnaissance de la part de ceux qui prennent un coupe-file. À ce jour, sur 1,2 million de journées skieurs à la saison, j’évalue à 50.000 la part des coupe-file.» 

De l’autre côté de l’Hexagone, les Pyrénées voient elles aussi débarquer ce service de coupe-file jusque-là plus familier aux clients de Disneyland Paris. Et c’est exactement la logique contre laquelle veut s’inscrire son promoteur N’PY, une société d’économie mixte qui promeut 14 stations (Peyragudes, Grand Tourmalet, Luz Ardiden…) et 2 grands sites pyrénéens dont le Pic du Midi. «Nous proposons une carte d’abonnement à l’année, baptisée No Souci, qui ouvre accès à des activités ou des réductions sur les forfaits domaines et, depuis cette année, un accès coupe-file à 27 remontées», indique Paul Quintana, le responsable communication. Son prix est passé de 40 à 45 €. Elle compte déjà 106 000 souscripteurs qui peuvent potentiellement profiter de «skier plus vite et moins cher», selon les documents de promotion, qui parlent de «skier comme un VIP».

Ce sont essentiellement les habitués, ceux qui skient toute la saison et vivent à Toulouse, Bordeaux, Biarritz ou Narbonne qui en profitent.

Paul Quintana, N’PY (14 stations des Pyrénées)

Même si les courts séjours peuvent s’offrir la carte No Souci Pyrénées «ce sont essentiellement les habitués, ceux qui skient toute la saison et vivent à Toulouse, Bordeaux, Biarritz ou Narbonne qui en profitent», décode le responsable, qui réfute tout système à deux vitesses. «Notre logique est au contraire d’inciter les gens à profiter de la montagne toute l’année, pas seulement l’hiver, le Fast Pass aux remontées n’est que l’un des éléments. L’été, on a aussi des avantages pour le Bike Park ou l’accès au Pic du Midi grâce à cet abonnement», insiste-t-il.

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Dans l’immédiat, alors que les stations des Pyrénées ont parfois été débordées par l’afflux de voitures sur les parkings et que les pistes ont fait le plein, le Fast Pass a été le service le plus plébiscité dans les enquêtes terrain, avec un taux de satisfaction de 4,55 sur 5 à Peyragudes, par exemple.


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