ces tendances qui se confirment et qui inquiètent


La demande, toujours aussi soutenue mais plus précoce, accentue pour le moment les déséquilibres calendaires et entre domaines.

Les difficultés climatiques et économiques ont beau s’accumuler sur la montagne, le gâteau des sports d’hiver reste pour le moment tout aussi appétissant, même si les « grandes stations » en avalent une part plus importante chaque année. C’est ce qui ressort des premières tendances de réservation pour le millésime 2024-2025, dévoilées ce mardi par le cabinet spécialisé G2A, agrégeant données des nuitées (90% des lits en station analysés) et sondages. Et l’oracle des socioprofessionnels des stations de ski est formel. Avec un volume de réservation de nuitées en légère avance à ce jour (+0,3%), porté par les Alpes, et un « atterrissage » prévu à -0,7%, cet exercice hivernal est presque un copié collé du précédent : bon au global, mais avec des contrastes -et des risques- qui se creusent.

L’attrait renforcé de la clientèle très « skieuse » pour les cimes se confirme à nouveau à ce stade. « Les grands domaines d’altitude sont en avance de 6% sur les réservations, les stations dites de « charme » reculent de 6% », illustre Denis Maurer, le patron de G2A. « La demande est là malgré un calendrier moins favorable cette année, avec des vacances de printemps très tardives », confirme David Sandier, directeur commercial et marketing de Pierre et Vacances, qui dispose de 65 résidences de tourisme dans les massifs français. « Nous sommes en avance de plus d’un mois par rapport à nos prévisions », appuie Vincent Lalanne, directeur général de l’office de tourisme et de la centrale de réservation de Val Thorens. La station des 3 Vallées, qui sera la première à ouvrir ses pistes le 23 novembre avec Tignes, a même démarré plus tôt ses sessions de recrutement de saisonniers.

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Le trou du printemps

Mais l’optimisme des poids lourds du secteur pour cette saison est à nuancer. « On espère comme chaque année qu’il y aura de la neige et que toutes les stations en profiteront », embraye Éric Chevalier, directeur des Arcs Tourisme. Les mois de mars et avril accusent aussi un retard. « Les Français ne le savent pas assez mais, et cela se vérifie sur les dernières saisons, il y a de la belle neige et d’excellentes conditions au printemps», conjure Jean-Luc Boch, président de l’Association des maires de station de montagne (ANMSM). Il va falloir sortir la grosse artillerie en début d’année pour convaincre les Français de dévaler les pistes à partir du 13 avril, alors que l’an passé le week-end de Pâques était fin mars. «Pour skier en avril, les Français attendent, dans l’ordre, des prix attractifs, de bonnes conditions de neige, et moins d’affluence», interprète Denis Maurer (G2A). «On a sûrement des efforts commerciaux à faire sur cette période», acquiesce Éric Chevalier.  

D’autant que, comme dans l’ensemble de l’industrie du tourisme, les prix des sports d’hiver gonflent encore cette année. Pour les forfaits, il faudra débourser «2 à 4%» supplémentaires, selon Anne Marty, nouvelle présidente de Domaines skiables de France (DSF). Côté hébergements, la moitié des répondants à l’étude G2A prévoit d’augmenter les prix de plus de 5% en moyenne. «Je préfère que l’on parle de rapport qualité – prix»,  défend Vincent Lalanne, pour qui «la France reste beaucoup plus compétitive que les autres pays». Sans compter que les étrangers, notamment ceux qui viennent en avion, «n’ont pas la même perception prix que les Français», modère aussi David Sandier (Pierre & vacances). Dit autrement, ils consacrent un budget plus conséquent aux sports d’hiver. 

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Janvier, le nouveau février 

Pas étonnant dès lors de voir, et ce pour la troisième année consécutive, le mois de janvier battre des records de réservation, en attirant aussi des familles françaises avec enfants de moins de 6 ans qui «sautent» l’école pour jouir de prix plus doux. « Il y a effectivement un report de clientèle de séjour semaine sur janvier», constate Anne Marty. Même si les offres early booking ouvrent désormais la saison, ce n’est qu’un petit échauffement avant le départ du marathon ce mois d’octobre, où le profil de l’hiver commencera rapidement à se dessiner. «Nous sommes en retard de 2% sur nos réservations, mais je ne m’inquiète pas car on lance nos campagnes de communication cette semaine», patiente-t-on chez N’PY, qui regroupe 8 stations pyrénéennes.

L’actualité, regrettent les professionnels, reste à ce jour dominée par les sujets anxiogènes comme les fermetures des stations de l’Alpe du Grand Serre (Isère) ou du Grand Puy (Alpes-de-Haute-Provence) qui rejoignent la longue liste des victimes du dérèglement climatique. Les images de chutes de neige et des colossaux investissements réalisés par exemple par Sata Group Aon, exploitant des grandes stations de l’Oisans en Isère, rétabliront peut-être l’équilibre. Début décembre, Les 2-Alpes inaugureront le 3 S jandri Express, fruit d’un investissement de 135 millions d’euros. Ce téléphérique flambant neuf qui vertèbre le domaine transportera désormais en 17 minutes (au lieu de 40 précédemment) 3000 personnes à l’heure, de 1650 m jusqu’à 3200 m sur le glacier. 

 


En vidéo – Grâce à une nouvelle remontée mécanique, ce domaine skiable a doublé sa superficie

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