L’un des plus anciens hôtels de Paris, le Westminster décroche sa cinquième étoile
Étape importante dans la vie de ce discret hôtel de luxe de la rue de la Paix. Il a réussi sa montée en gamme, sans perdre son âme.
En 1802, rue de la Paix, dans un Paris en devenir, ouvre un hôtel à qui on donne le nom du client pour lequel il a été construit, le duc de Westminster. Dans l’ancienne cour transformée en lobby, on voit encore le pignon de la façade d’origine, contemporaine de la bataille d’Austerlitz, sans doute revisitée un peu depuis… Impressionnant. À la fin du règne de Napoléon, l’hôtel avait déjà 20 ans et traversa les siècles suivants, fidèle à une clientèle aristocratique qui lui donne toutes ses lettres de noblesse.
Au début du XXe siècle, il se dote d’un bar anglais, le Duke’s, tel qu’on en profite aujourd’hui, avec ses boiseries néogothiques et ses fauteuils dignes d’un club sur Saint-James Street. En conduisant de 2019 à 2024 une restauration complète, le groupe Warwick qui en est le propriétaire – et l’a affilié à sa collection Warwick Hôtels and Resorts -, l’a confié au décorateur Laurent Maugoust, avec comme consigne: « Garder le caractère singulier d’un établissement hors du temps », explique son directeur général, Sébastien Sausse.
Impressionnants volumes
Pari plutôt réussi pour une décoration tout en nuance et en douceur, jamais agressive, où le respect du bâti prime. En témoignent de larges couloirs, qu’un directeur financier sans scrupule aurait rabotés. Ici, au Westminster on ne l’a pas entendu de cette oreille. Quitte à faire moins de chambres, on a sauvegardé les impressionnants volumes qui donnent au lieu tout son cachet.
Abacapress/Pascal Dieu
On gagne les 102 chambres – dont vingt suites – par un escalier d’autrefois, qui pourrait être celui d’un hôtel particulier, au large palier et flanqué d’une magnifique rampe en fer forgé. L’à-plat en fer noir est du plus bel effet. Enduit à la manière des pierres de taille, moquette rouge et gravures au mur, mobilier Boule Second Empire, le chic règne sur le Westminster. Si ce n’est quelques reproductions de tableaux du XIXe siècle, pas de la meilleure qualité, on frise la perfection. Celle qui est imparfaite justement et qui déborde de charme.
Élégance parisienne
Poussons la porte de quelques chambres, toutes assez semblables. Dans la n° 311, où nous posons nos valises, tissu damassé gris rehaussé d’effets dorés, signé du grand éditeur italien Rubelli, mobilier archi classique redessiné pour l’occasion par le décorateur, lampes en bronze sculpté, bureau plat à dessus de marbre… On retrouve les codes de l’hôtellerie 1900-1950. De lourds rideaux en soie, une moquette crème légèrement imprimée et une magnifique cheminée de marbre, aux rechampies de cuivre, ajoutent une vraie touche d’élégance et de zen à cette chambre, à l’allure très parisienne. Là encore c’est très réussi.
Les 20 suites donnent sur la rue de La Paix, dont un double vitrage atténue l’agitation, le reste des chambres se répartit sur la jolie rue Daunou et d’autres encore sur l’ancienne cour d’arrivée (au temps des fiacres), désormais couverte et dont le dessus a été transformé en jardin factice.
La cinquième étoile, un challenge
abacapress/Giuliano Ottaviani
L’hôtel s’est offert un centre de remise en forme avec un très beau sauna et un hammam (en sursis), une salle de sport et une autre de massage. Un ensemble qui fera l’objet d’une prochaine tranche de travaux. Au rez-de-chaussée, le salon Récamier a gardé son ordonnancement 1800 avec colonnes doriques, boiseries et décor à la manière de grotesque. C’est un salon d’affaires qui accueille séminaires et réunions. Dommage, il est soustrait à la vue, même si le concierge Clef d’or, le montre avec beaucoup de gentillesse à qui lui en fait la demande.
Car ici on sent un personnel motivé et surtout conscient des beautés historiques, dans lesquelles il évolue. Passer de quatre à cinq étoiles a été un véritable challenge pour eux. « Il faut s’assurer que tout le monde monte dans le même bateau, explique Sébastien Sausse. Nous avons aussi recruté des éléments très expérimentés qui avaient officié dans des cinq-étoiles et dans des palaces pour impulser un nouveau souffle. Tout se met en place progressivement mais c’est le début d’une belle histoire ».
Dr/Wesminster
Une montée en gamme qui s’est accompagnée de l’arrivée d’un nouveau chef, Gregory Gbiorczyk, – il a fait ses armes, entre autres avec Eric Fréchon. Sa cuisine est un savant mélange de cuisine bourgeoise et d’une gastronomie plus recherchée. Le quadra aime les sauces, mais plutôt légères et sans amertume. Mais son triomphe, c’est un chou farci revisité, une spécialité dont il a été champion de France !
Notre avis
Abacapress/Pascal Dieu
Situé dans un des meilleurs quartiers de Paris, entre l’Opéra et les Tuileries, sur une artère iconique, rue de La Paix, l’hôtel est à deux pas du Ritz. Une proximité dont il n’a pas à rougir. Sa belle marquise qui en marque l’entrée, à laquelle deux lanternes sont suspendues, dit tout de cette maison parisienne d’une discrète élégance.
Les tarifs le sont aussi. On peut y dormir à moins de 400 €. Rarissime dans le quartier pour un cinq-étoiles. « Nous avons atteint un seuil, à la hauteur de notre nouveau classement, il faut maintenant le pérenniser, avant de penser à rehausser nos tarifs… » explique encore Sébastien Sausse. Et modeste avec tout ça…
Hôtel Westminster, 13, rue de la Paix, Paris (2e). Tél. : 01 42 61 57 46. À partir de 399€