voici les refuges de montagne les plus fréquentés
De la fin mai à la mi-juin, les refuges retrouvent leurs gardiens et les réservations sont ouvertes.
Le 20 juin, le refuge des Oulettes de Gaube, le plus fréquenté des Pyrénées avec près de 9500 nuitées l’an passé, inaugurera sa saison d’été et de gardiennage. Il sera l’un des derniers à accueillir ses vigies. Depuis la fin mai, la plupart des 120 établissements de montagne gérés par la Fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM), qui compte 40 % du parc environ -le solde dépend d’une multitude d’acteurs- ont accueilli leurs gardiens, et les réservations sont ouvertes.
Mieux vaut ne pas tarder. Les refuges connaissent un engouement sans précédent depuis la fin de la pandémie. L’an passé, ils ont enregistré 315 000 nuitées. «C’est un niveau très haut et supérieur à la période pré-covid, mais le record date de l’année 2023, avec 320 000 personnes accueillies», expose Maria Isabel Le Meur, directrice du pôle Refuges et Chalets de la FFCAM, qui promeut et encadre les activités en montagne. La popularité de certains itinéraires comme le tour de la Vanoise en Savoie, la Vallée des Merveilles dans le Mercantour, ou la zone du Canigou dans les Pyrénées, braque aussi les projecteurs sur les refuges.
Prix doux
La météo capricieuse du début d’été dernier, la fermeture des sites du Vénéon suite à la catastrophe de la Bérarde en juin peut-être joué sur le léger repli des nuitées en 2024. Mais le constat demeure : au-delà de la population des skieurs de randonnée, des alpinistes et pratiquants de la haute-montagne, les cimes attirent de nouvelles populations, notamment dans les établissements de moyenne altitude.
Le prix modeste de la nuitée n’est certainement pas étranger à ce succès. «Le tarif moyen se situe autour de 20 €», calcule la responsable. Avec de très fortes disparités sachant aussi qu’au prix de la nuitée en dortoir collectif s’ajoutent une taxe de séjour et des suppléments (chauffage parfois, restauration…). Et c’est le grand écart selon les établissements avec, sans surprise, des tarifs plus élevés dès que le relief se cabre. Pour une nuitée au refuge gardé du Goûter, le plus haut de France perché à 3835 m sur la voie «normale» du Mont-Blanc, comptez 68 € le lit ; 50,20€ le repas ; 20 € le petit déjeuner… À l’opposé, le populaire refuge des Merveilles, dans le Mercantour, autorise le bivouac et fixe le prix maximum d’une nuit à 22 €, et 66 € en pension complète dans ce joli bâtiment, assez facilement accessible malgré son altitude (2130 m).
Rénovation
Un défi pour la FFCAM, lancée dans une course à la rénovation à ces altitudes où la nature ne pardonne pas grand-chose. «Nous consacrons depuis 2017 une enveloppe de 20 millions d’euros à la rénovation de 26 bâtiments, dont la moitié est réalisée à ce jour», indique Maria Isabel Le Meur. Le Refuge du Pavé, l’un des nombreux qui constellent les Ecrins, a été complètement rénové l’été dernier. Celui des Oulettes de Gaulbe devra encore un peu patienter, la refonte estivale prévue cette année étant reportée pour des raisons de financement -une enveloppe de 1 million d’euros est nécessaire.
Aux travaux s’ajoute une attente plus forte de ces nouvelles populations, sachant que les équilibres sont très fragiles en refuge, encore plus avec le dérèglement climatique. «La logique de dortoir collectif perdure pour conserver une moindre emprise au sol, nous devons aussi intégrer au maximum les bâtiments dans le paysage, développer les énergies renouvelables et gérer le plus efficacement possible les volets de l’eau et de l’assainissement», récapitule la responsable.
La montée des incivilités qui accompagne la hausse de la fréquentation, y compris en période de non-gardiennage, n’en est que plus désolante. «Il y a quelques actes de pure malveillance mais la plus grande partie des faits est due à une ignorance des bonnes pratiques», relativise-t-elle toutefois citant les portes mal fermées en hiver ou les déchets abandonnés sur place. La FFCAM généralise une campagne d’affichage sur les «bonnes pratiques en refuge» dès cet été.
Les 10 refuges de montagne les plus fréquentés en France
Refuge | Massif | Nombre de nuitées 2024 |
Refuge du col de la Vanoise | Alpes du nord (Vanoise) | 14 688 |
Refuge des Oulettes de Gaube | Pyrénées (Vignemale) | 9471 |
Refuge des Merveilles | Alpes du sud (Mercantour – Roya) | 7982 |
Refuge des Cortalets | Pyrénées (Canigou) | 7971 |
Refuge du Goûter | Alpes du nord (Mont-Blanc) | 7536 |
Refuge de la Croix du Bonhomme | Alpes du nord (Beaufortain – Mont-Blanc) | 7350 |
Refuge de Tête Rousse | Alpes du nord (Mont-Blanc) | 7333 |
Refuge du Glacier Blanc | Alpes du sud (Écrins) | 7155 |
Refuge des Écrins | Alpes du sud (Écrins) | 6111 |
Refuge des Drayères | Alpes du sud (Écrins) | 6020 |
Source : FFCAM, juin 2025
En vidéo – Dans les pas d’un baliseur de sentier de randonnée