Week-end en Savoie, à la découverte du discret et arty val d’Arly
GUIDE – De Crest-Voland à La Giettaz, quatre villages abritent de sacrés trésors. Coups de projecteur au sommet.
Les villages du val d’Arly vont prendre des couleurs du 2 au 6 mars à l’occasion du Festival Street Art, une deuxième édition hors norme, inédite en montagne et inouïe pour les artistes. Quand l’art urbain grimpe, il prend place au cœur de villages « nature peinture » : quelle audace ! Neuf fresques habillent déjà le transfo, un mur défraîchi, un réservoir d’eau et une façade. Bien vu. « On va mettre de la couleur dans nos villages ! Surprendre, innover, offrir une parenthèse artistique », se réjouit Stanislas Tochitch, directeur de l’office de tourisme du val d’Arly, à l’initiative de cet événement culturel.
Au total, 40 artistes seront à l’œuvre pour créer 12 fresques à ciel ouvert et animer des ateliers. Rejoints sur le fil par Antoine Mesnage et les moniteurs aux flambeaux. Un coup de fluo orchestré par le galeriste Grégory Veyrat (Papajosette) adepte du « jamais vu ailleurs ». Coup d’envoi à Crest-Voland, dans les règles de l’art.
Visites
1. De village en village
Pour saisir les couleurs originelles du val d’Arly, il convient d’explorer chaque village, naturellement. Choisissez une porte d’entrée : depuis la Haute-Savoie, Praz-sur-Arly ou le col des Aravis, ou encore la vallée (Ugine). Ces villages sont habités avec école et clocher, sommets dressés et trésors bien gardés. Tout en cultivant leur singularité. Simplicité et hospitalité sont ressenties au contact chatoyant des habitants.
À Flumet, Jean-Yves et Monique, « enfants du pays », guident dans la Maison du Meunier ; un musée presque caché, petit par la taille, grand par sa valeur et ses objets racontant la vie d’autrefois. Coup de cœur ! Dans la chambre, des lunettes sont posées sur le chevet, la table est dressée, entourée de curiosités, les placards conservent le linge brodé ; costumes et capes sont des bijoux ! Au rez-de-chaussée, photos, meule et maquette de ferme révèlent le passé médiéval du bourg et les relais de diligence sur la route des Grandes Alpes.
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Pour remonter le temps : commencez par le présent, au pied de la fresque monumentale de street art. Puis en filant dans la rue du Mont-Blanc, entrez dans l’église baroque, l’atelier-boutique d’Émilie l’herboriste et l’Estaminet, où la soupe bûcheronne est servie sur un air d’accordéon. Il est bon de goûter à ces traditions. De la terrasse de l’Auberge des Églantiers, on peut voir l’Arly couler 40 m en contrebas, les maisons suspendues du XIIIe siècle qui tiennent sur le rocher, et le pont en pierre est bien accroché. Avant de le traverser, il faut faire un « stop à la Cop » (Coopérative fruitière) pour ses trésors fromagers AOP et à la ferme GAEC du Torraz, à visiter avec Thomas Bouchex.
Le pont de l’Arly conduit à Notre-Dame-de-Bellecombe. La station, vieille de 88 ans, où sont en marche des téléskis première génération. À mi-chemin, impossible de louper le télétraîneau, au rang de patrimoine des remontées mécaniques françaises (1937) ; on y monte à bord pour la photo. En redescendant la rue principale, on peut faire un pas de côté et s’amuser à observer les chalets décorés d’objets du cru (piolets, « groles »…). En point d’orgue : dans l’église, le chemin de croix de M. Cart (classé en 1958) surprend. Quand l’art moderne ouvre notre regard sur l’art sacré…
Laure Béchade
2. L’église de Saint-Nicolas-la-Chapelle : trésor de l’art baroque
Si son joli porche sculpté est sobre, l’intérieur fait son effet. Profusion de couleurs ! Et en son chœur se dresse un joyau, paré d’or. Trois retables et un maître-autel à six colonnes et baldaquin abritant un grand tabernacle valent à cette église du XVIIIe siècle d’être classé monument historique. Ornement d’art sacré, unique en Savoie, à ne pas manquer. C’est chargé ! D’histoire, aussi. Pour découvrir sa richesse, Perrine Bouchex-Bellomé, native et guide de la Fondation Facim, attire notre œil sur des éléments phares. On lève aussi les yeux au ciel vers les fresques et les décors peints : divins témoins de la générosité des Saint-Nicolatins, qui ont amoureusement constitué ce patrimoine et su le préserver. Fascinant, que l’on soit ou non croyant.
Église ouverte de 10 h à 17 h. fondation-facim.fr
Où dormir ?
3. Entre ciel et terre
Pour cette montée au ciel, dix minutes suffisent depuis le chef-lieu de Saint-Nicolas-la-Chapelle. Au lieu-dit Le Mont, 5 cabanes haut de gamme s’érigent jusqu’à 15 m, près de la canopée. De l’art architectural ! Cabine scandinave, chalet, contemporain… Chacun choisit son style pour la nuit. Et même un nid : parfait cocon pour une première immersion entre terre et ciel. Toutes dotées de larges baies vitrées, orientées vers le Mont-Blanc. Moment suspendu aussi dans le bain nordique, où plonger avant ou après le dîner locavore à demeure ou une virée nocturne en forêt (crampons et frontales fournis). Une initiative vertueuse de Nicolas Boisramé, ancien charpentier, concepteur de ces hébergements écoresponsables gérés en famille.
À partir de 280 € la nuit. 2896, route de Chaucisse, Saint-Nicolas- la-Chapelle. Tél. : 07 68 39 19 60. cabanes-entreterreetciel.fr
@cabanesentreterreetciel
4. Chalet hôtel du Mont Charvin
L’hôtel de montagne par excellence. Le seul 4-étoiles du val d’Arly porte le nom du sommet emblématique. Ce grand chalet de 20 chambres et une suite est idéalement situé au pied des pistes de Crest-Voland Cohennoz (hameau du Cernix). Ambiance familiale portée par Caroline et Pierre Pichard, aux petits soins ; nounours pour déco et programme d’animations ad hoc (karaoké, clown, baby yoga, concerts…). On vient ici aussi pour sa table et le semainier du midi à 20 € (entrée, plat, dessert), comme dans une pension de famille. La convivialité et l’accessibilité.
À partir de 140 € la nuit. 749, route du Cernix, Crest-Voland Cohennoz. Tél. : 04 79 31 61 21. hotel-montcharvin.
À table !
5. La Ferme de Victorine
Indétrônable ! Et ce pour ses qualités inégalées : une cuisine généreuse qui réchauffe le cœur, un service humble et chaleureux à souhait, le décor vrai d’une ferme d’antan ; le chic, ici, c’est le rustique. Au service, Raymonde, petite-fille de « la » Victorine qui tenait l’épicerie-bar tout en s’occupant des vaches en 1923 ; son portrait en maîtresse de maison règne. Les vaches visibles depuis l’une des salles, c’est l’originalité de ce restaurant créé en 1991 par James, aujourd’hui disparu. Au piano de ce Bib Gourmand, le chef Denis Vinet fait honneur à la famille, aux traditions et au terroir. Il faut goûter au pot-au-feu en croûte de feuilletage et garder une place pour le plateau de fromages : 30 trésors 100 % pays de Savoie. Menus de 36 € à 70 €.
141, route du plan Dessert, Notre-Dame-de-Bellecombe. Tél. : 04 79 31 63 46. la-ferme-de-victorine.com
6. Le Toî du Monde
1886 est l’année de construction de cette maison de famille où Florent Perrin a grandi. La ferme de « Mémé Olga », il en a fait un lieu de vie quatre en un : gîte, restaurant-producteur, salle de concert. Sous la charpente cathédrale, l’enfant du pays cultive le bon goût du circuit court. Pour se mettre en appétit : les fumaisons maison, puis les légumes du potager et les viandes bien assaisonnées. Entre terroir et innovation. Les escargots de Magland en cocotte sont en vedette. L’âme du Toî du Monde tient à son propriétaire « producteur de bonheur ». C’est beau, c’est bon, et le maître des lieux sait mettre l’ambiance. Les soirées-concerts font jazzer la vallée. Menu à 39 €. Carte à partir de 13 €.
464, chemin des Zorgières (Flumet). Tél. : 04 79 10 63 53. letoidumonde.com
Office de Tourisme du Val d’Arly/Amandine Rey
7. Auberge des Églantiers
D’auberges, Flumet, autrefois lieu de diligences, en était truffé. Celle-ci a une position clé sur l’axe majeur de tout visiteur. Mélanie et Kévin y ont niché leur rêve il y a un an ; tout droit venus d’une table étoilée (Flocon de Sel à Megève). Le chef mijote jarrets, quenelles de brochet, ombles chevaliers ou encore palerons de bœuf. Mélanie accompagne élégamment le service d’une carte courte à l’ardoise simple et gourmande, dans une salle baignée de lumière et de bois. Menu du marché : 35 €. Carte à partir de 14 €.
170, rue du Mont-Blanc, Flumet. Tél. : 04 57 35 03 70. auberge-des-eglantiers.com
Expériences
8. En raquettes à La Giett’
À La Giettaz, petit village de 389 âmes, blotti au creux des Aravis, la vie semble s’écouler au ralenti. Il faut se mettre au pas pour en découvrir sa nature profonde. On opte pour la sortie en raquettes « Les alpages enneigés des Aravis et leurs chalets d’antan » (mardis, 14 h-17 h). Départ du hameau du Plan (1 150 m) vers les hauteurs, en douceur. Peu de dénivelé pour cette balade de 3 heures en alpages tous blancs ; forêts et ruissellement de l’Arrondine pour cadre enchanteur. On respire. C’est apaisant. On déconnecte à coup sûr dans cette nature sauvage. En chemin, Cédric Charbonnier aperçoit des traces de loups, et guette les chamois. Jusqu’au hameau du Fardelet se trouvent les plus beaux chalets chargés d’histoire. Enfant 24 €, adulte 28 €.
ESF La Giettaz. Tél. : 04 79 32 91 25.
9. « En alpage » avec Cairn
Au cœur du vieux bourg, Émilie tient une herboristerie de montagne. Elle propose près de 45 plantes récoltées en alpage, mises en sachet et bien mariées. Sur l’étagère : « Au coin du feu », « En piste », « Pousse-raclette », « Soleil d’hiver », « Retour au calme »… en bonne place avec les macérats huileux. Des merveilles naturelles qui apportent bien-être et réconfort. Émilie, formée à l’École des plantes médicinales de Lyon, transmet son savoir-faire au cours de ses ateliers : macérats et baumes, tisanes et phytothérapie, aromathérapie et huiles essentielles. Une pause et une invitation à entrer « à plein nez » dans les traditions montagnardes de soin par les plantes. De 35 € à 45 € l’atelier.
138, rue du Mont-Blanc, Flumet. cairn-plantes.fr
Office de Tourisme du Val d’Arly – Amandine Rey
Excursion
Balade panoramique
Le val d’Arly, quatre villages-stations, c’est autant de points de montée vers les sommets. Petits villages, grands domaines : un privilège à souligner. Notre-Dame-de-Bellecombe, Flumet et Crest-Voland Cohennoz sont reliés à l’Espace Diamant : 192 km de pistes de toutes les couleurs. Pour se balader, à ski en forêt et entre les chalets en pente douce : une vraie carte postale !
Ajoutez à cela la vue sur le Mont-Blanc et un 360 degrés continu ; à l’arrivée au Mont-Lachat, après dix minutes d’ascension (télésiège du Cernix, à Crest-Voland). Les gourmands font une halte à la Bergerie La Palette de Flora et Kévin. Sur un autre versant du val d’Arly, La Giettaz est reliée aux portes du Mont-Blanc ; 100 km de pistes engagées, pour les aguerris. Et si vous n’êtes pas skieur ? Faites l’ascension en mode piéton (télé siège) jusqu’à la Tête du Torraz. Du grand art au sommet !