« Au moins 7 régions de Grèce pourraient accueillir davantage de touristes»


INTERVIEW – La Grèce bat chaque année ses records de visiteurs, notamment Français. Au point que la pression sur certaines régions est dénoncée par les habitants. La ministre du Tourisme Olga Kefalogianni dévoile ses plans pour viser un développement plus équilibré.

En matière de tourisme, la Grèce cherche le bon dosage. Le pays bat chaque année ses propres records de nombre de visiteurs. Mais 2024 se signale sur deux plans. D’abord, le cap des 35 millions de touristes a été franchi en novembre (les chiffres définitifs ne sont pas encore connus), soit une hausse de 10% par rapport à l’exercice précédent. Les Français, toujours plus nombreux (2 millions), fournissent le troisième contingent après les Allemands et Britanniques.

Mais, et c’est le deuxième enseignement, les périodes dites «hors saison» comme l’automne commencent à attirer des volumes intéressants de voyageurs, dont de nombreux Hexagonaux. «C’est encourageant de voir qu’en dehors de l’été, les chiffres progressent et c’est notre objectif», se félicite la ministre grecque du Tourisme, Olga Kefalogianni. De passage à Paris, elle détaille la stratégie d’une destination qui veut continuer à accueillir près de quatre fois sa population en corrigeant des excès qu’elle ne nie pas mais recontextualise.

Santorin tremble , la majorité des habitants ont fui. Faut-il s’inquiéter ?

La Grèce est l’une des destinations touristiques les plus établies et les plus fiables au monde, avec des infrastructures répondant aux normes les plus élevées. L’activité sismique dans la région de Santorin est surveillée en permanence par les autorités compétentes, sur la base d’une preuve scientifique approfondie du phénomène. Les agences compétentes travaillent en étroite collaboration, évaluent constamment les données et prennent toutes les mesures nécessaires avec responsabilité et sérieux. La Grèce est consciente des défis, mais elle sait surtout comment les gérer.

Olga Kefalogianni, ministre grecque du Tourisme.
photo presse

La Grèce a encore accueilli un nombre record de touristes l’an dernier. Combien de Français visitent la Grèce ?

L’objectif est moins d’accueillir davantage de touristes que de répartir les flux sur le territoire et au long de l’année pour faire découvrir notre pays. Ce qui m’intéresse, c’est qu’en octobre dernier, nous avons accueilli 24% de visiteurs français en plus. C’est encourageant de voir qu’en dehors de l’été, les chiffres progressent et c’est notre objectif : plusieurs régions peuvent accueillir du monde toute l’année et, pour les plus demandées, le fait que c’est moins cher hors saison a son importance. Et on profite mieux ! Mais pas seulement. La Grèce compte 13 régions et 90% de l’activité touristique est concentrée dans cinq d’entre elles : la Crète ; les Cyclades et le Dodécannèse (Rhodes, Patmos…) ; Athènes et l’Attique ; Thessalonique et sa région; et les îles Ioniennes avec Corfou en tête.

Voir aussi :  Voyager à Bahrein, une bonne idée ? - Vlog voyage de Tolt #22

Le potentiel est donc là avec de nombreuses zones authentiques qui concentrent ce que les visiteurs étrangers aiment chez nous. Si je prends l’exemple de la Thrace, même les Grecs la connaissent peu. Nous allons faire un effort de promotion de ces régions, y compris celles de montagne. Même nos compatriotes commencent à apprécier la montagne en été, la température est douce et les plages ne sont jamais très loin. je pourrais aussi vous parler des Météores, du Péloponnèse et de son offre culturelle incroyable…

On se rend majoritairement en avion en Grèce. Que prévoyez-vous ?

Nous avons déjà engagé un programme d’investissement dans les aéroports. 14 plateformes étaient concernées. Kalamata, dans le Péloponnèse, sera la quinzième à bénéficier d’une rénovation dans les prochaines années. En Crète, le nouvel aéroport d’Heraklion doit sortir de terre en 2027.

La Crète n’est-elle pas une destination qui souffre du surtourisme ?

Dans notre stratégie, la Crète est une destination qui se visite toute l’année, pas seulement l’été. L’île compte 600 000 habitants et en dehors de l’été, on profite encore mieux de la diversité des paysages de la mer et de la montagne.

La Grèce compte 13 régions et 90% de l’activité touristique est concentrée dans cinq d’entre elles.

Pensez-vous qu’il y a encore du potentiel dans les îles grecques  ?

Bien sûr. De nombreuses îles sont peu connues par les visiteurs internationaux. Y compris non loin de Corfou dans les îles ioniennes, je pense à Paxos, qui est popularisée par une série Netflix en ce moment (le blues du Maestro, NDLR), ou Cythère dans le Peloponnèse.

Incendies dévastateurs l’été, surtourisme, prix des billets d’avion en forte hausse…. Ne craignez-vous pas pour l’image de la Grèce alors que des destinations concurrentes comme l’Albanie ou la Turquie séduisent aussi des Français ?

Voir aussi :  3 semaines en THAILANDE

Si l’on parle des incendies et que l’on prend l’exemple très médiatisé de Rhodes en juillet 2023, tout le monde a été sauf. Les autorités ont réagi rapidement. La crise climatique fait prendre conscience que, parmi les risques, celui des incendies est partout. Nous ne pouvons pas le prédire ! Même dans des conditions extraordinaires, nous savons réagir et le numéro d’urgence connu dans toute l’Europe, le 112, fonctionne. Si je reprends le cas de Rhodes, tout le monde a été informé et en trois heures et 20 000 personnes ont été mises à l’abri. En juillet 2024, la fréquentation s’est accrue de 10% à Rhodes, et c’est actuellement la destination la plus recherchée pour l’été… Nous avons prouvé que nous sommes capables de répondre à ce genre de situation.

Le risque est désormais structurel. Quelles sont vos actions ?

Suite à cet incendie, nous avons décidé de nous appuyer sur notre application mobile « MyGreece» pour lancer une série de nouveaux services à destination des visiteurs, en nous appuyant sur les potentialités de l’intelligence artificielle. Nous avons repensé cette application comme une plateforme centralisant l’information au sens très large pour les visiteurs. Y compris en cas d’urgence : il est encore plus simple de contacter pompiers, police, ou centre de secours. le tout disponible facilement en 31 langues, grâce à l’IA.

Quelles sont les autres évolutions sur l’appli ?

Elle intègre toutes les «expériences» disponibles dans l’ensemble des régions, grâce à une interopérabilité entre les plateformes existantes. Le choix est extrêmement large. Elles sont regroupées en thématiques souvent méconnues : le bien-être, l’agrotourisme, la plongée, la randonnée en montagne… Cette présence digitale nous aide dans notre volonté de diversification.

Aujourd’hui le tourisme pèse 15% du PIB de notre pays si je compte les effets induits. Il emploie de nombreux jeunes et permet à de nombreux habitants de continuer à vivre sur leurs territoires. C’est un sujet prioritaire

Revenons sur le surtourisme. Le mouvement des plages a défrayé la chronique et vous continuez de prospecter de nouveaux marchés. N’est-ce pas alimenter la machine ?

Voir aussi :  Voyage Thailande Bangkok Phuket Kaho Lak

Oui nous prospectons de nouveau marchés, comme l’Inde cette année, après la Chine l’an dernier et un premier vol direct entre Shanghai et Athènes. Mais dans tous les cas, nous visons un potentiel de tourisme haut de gamme pour positionner la Grèce sur ce segment exigeant et avec la volonté de le faire émerger hors saison. Aujourd’hui le tourisme pèse 15% du PIB de notre pays si je compte les effets induits. Il emploie de nombreux jeunes et permet à de nombreux habitants de continuer à vivre sur leurs territoires. C’est un sujet prioritaire et notre volonté est de continuer à le développer en conciliant les différents impératifs. Et à introduire des restrictions quand il y a lieu sur certaines destinations et à certaines périodes où elles subissent une trop grande pression. Nous avons régulé les croisières à Santorin, par exemple, en instaurant des «slots» de débarquement, et des taxes spéciales dont le produit revient aux collectivités locales.

Nous voulons développer le tourisme tout au long de l’année et sur l’ensemble du territoire mais nous fixons aussi en parallèle deux objectifs. D’abord, la montée en gamme en mettant l’accent sur les gammes d’hôtels 5 étoiles. Et si l’on parle de compétitivité prix, je rappelle que nous avons mis l’accent sur les trois étoiles en quantité et en qualité il y a quelques années. l’offre est là. Quelle autre destination propose les richesses de la Grèce avec un accueil très haut de gamme en termes de qualité ? Ensuite, nous introduisons de nouveaux critères environnementaux pour les hôtels et dans des proportions inédites, en lien avec les associations professionnelles. Le management des déchets, les niveaux de consommation… tout doit être vérifiable et les établissements obtiendront des points visibles en toute transparence par les clients.


En vidéo – Grèce, les autorités luttent contre la privatisation illégale des plages



Source link

Vous aimerez aussi...