Les Franciscaines, le nouvel atout charme de Deauville
Pensé comme un lieu culturel transversal réunissant toutes les disciplines et toutes les formes de création, cet espace fraîchement inauguré dans un ancien orphelinat du XIXe siècle mérite le coup d’œil. À l’occasion de l’ouverture de son musée ce 19 mai, on vous fait visiter.
On pensait déjà avoir tout vu de Deauville, ses Planches, son casino, ses villas et ses golfs. Parfois boudée en raison de sa surfréquentation les week-ends estivaux, celle que l’on surnomme le «21e arrondissement» de la capitale ne se repose pas sur ses lauriers. Avec Les Franciscaines, la star de la Côte fleurie ajoute une nouvelle corde à son arc en réunissant sous un même toit un musée, une médiathèque, une salle de spectacles, un lieu de création numérique… « Nous avions le désir d’ouvrir aux Deauvillais et aux touristes de passage la culture sous toutes ses formes : les arts plastiques, le spectacle vivant, les répertoires musicaux (classique, jazz, chanson), le cinéma, la photographie, la peinture ou la littérature pour une expérience partagée, associé à l’art de vivre », explique Philippe Augier, maire de Deauville.
Pour ce projet, la ville a choisi de réinvestir un lieu chargé d’histoire : l’ancien orphelinat Saint-Joseph de la Congrégation des Sœurs Franciscaines. Une façon de perpétuer sa vocation initiale d’accueil, de partage et de transmission de savoirs. « Ne pas détruire, c’est le premier acte écologique aujourd’hui. Il s’agissait pour nous de préserver à l’identique ce qui était ancien et d’y adjoindre une architecture qui rend possible les usages d’aujourd’hui », s’enthousiasme Alain Moatti, directeur de l’agence lauréate du concours de maîtrise d’œuvre pour réhabiliter le lieu. Spécialisé dans l’architecture et la scénographie, il s’est déjà illustré auprès de musées comme celui des Arts Décoratifs de Marseille ou de la Cité internationale de la Dentelle et de la Mode de Calais.
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Un patrimoine religieux préservé
Dès l’entrée dans le cloître, cœur des Franciscaines, la pierre du XIXe siècle et les outils numériques se fondent comme s’ils avaient toujours cohabité. Si l’architecture d’origine subsiste, une haute verrière contemporaine recouvre désormais l’ancien jardin intérieur. Les quatre murs percés d’arcades soutiennent les trois étages du bâtiment, tandis que les briques jaunes et les pierres meulières rénovées réfléchissent la lumière à travers le prisme d’un lustre monumental, inspiré par les ciels normands. «La journée, lorsque le soleil brille à travers la verrière ou qu’il y a des nuages, il en capte toutes les nuances. Quand le soleil se couche, il remplit sa fonction de lustre et illumine la salle de lecture de 400 m² grâce aux 14.285 tubes qui le constituent », pointe l’architecte.
Autre espace majeur de ce projet à 25 millions d’euros : un auditorium de 253 m² accessible par le cloître, qui a pris place dans l’ancienne chapelle du couvent. Voûtes, chapiteaux et vitraux illustrant des épisodes marquants de la vie de Saint-François d’Assise vivent en harmonie avec des gradins rétractables qui permettent de métamorphoser l’espace d’une salle de spectacle à un lieu de réception de 400 convives. Dans les galeries adjacentes, 5 espaces thématiques abritent le fonds de 150.000 ouvrages, en écho aux événements majeurs de la ville (Festival du Cinéma Américain, Festival Planches Contact, Festival Livres et Musiques, courses hippiques…). À chaque axe son univers, ses couleurs et ses meubles : ambiance station balnéaire mythique, royaume du cheval, temple du spectacle ou du cinéma, ou encore jeunesse et art de vivre. Si les livres et tableaux se font face, les visiteurs pourront aussi découvrir un musée dans sa version classique, à compter de ce mercredi 19 mai.
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Un chemin vers le paradis
Près de 4 000 œuvres, dont 539 peintures et quelques milliers de dessins d’André Hambourg (1909-1999), peintre de la marine très attaché à la Côte Fleurie, ont été données par son épouse à la mort de l’artiste, en 2011. Une riche collection complétée de 500 œuvres de Marie Laurencin, Foujita, Van Dongen ou Derain, rassemblées par le couple au fil des années. Au rythme d’une rotation annuelle, les visiteurs découvriront les inspirations multiples d’André Hambourg, l’évolution de son style et les pays visités.
Pour les habitués, les murs accueilleront aussi des expositions temporaires. La première, «Sur les chemins du paradis», visible jusqu’au 22 août, fait figure de manifeste. «En mettant la question du paradis à l’agenda, nous pointons une brûlante question contemporaine. La multiplication d’attentats terroristes perpétrés, dans certains cas, au nom d’une représentation folle du paradis a pesé sur la définition du mot. Un des partis pris de l’exposition a été de ne pas se limiter aux images religieuses, mais de faire appel aux interprétations du thème paradisiaque par des artistes contemporains – comme celles de Bill Viola, de Miguel Rothschild, d’Aki Lumi ou encore de Pierre et Gilles…», détaille Thierry Grillet, le commissaire d’exposition.
Une jauge de 8m² par visiteur est pour l’heure imposée dans les cinq univers des Franciscaines et dans le cloître. Elle passera à 4 m² à partir du 9 juin, avant de disparaître le 30 juin. D’ici là, on ne saurait trop vous conseiller de réserver un créneau sur le site internet pour être assurés de déambuler à l’intérieur sans la foule des grands jours.