Villas, cinéma, promenade… Week-end à Cabourg, au fil du temps retrouvé


GUIDE – La station balnéaire normande chère à Marcel Proust cultive la nostalgie de la grande époque des bains de mer, avec une nouvelle édition du plus romantique des festivals.

Envoyé spécial à Cabourg (Calvados)

Si Marcel Proust a fait de Cabourg la Balbec de son œuvre, le cinéma romantique en a fait, lui, sa capitale. Le Festival du film de Cabourg-Journées romantiques, créé en 1983 dans le prolongement d’un festival du livre, par Gonzague Saint-Bris, aujourd’hui disparu, lance dans quelques jours sa 38e édition. Un festival pas tout à fait comme les autres, où règne un certain fair-play voulu par son fondateur. «Il n’y a pas de pression chez nous car, à la différence du Festival de Cannes, nous ne sommes pas un marché du film», explique la cofondatrice et déléguée générale du festival, Suzel Pietri.

Plus de quatre-vingts films seront présentés sur quatre jours. Sept longs-métrages internationaux ont été sélectionnés pour le grand prix du jury présidé cette année par l’actrice Virginie Efira.

India Hair et Gustave Kervern lors du 34e Festival du film de Cabourg.
Sameer AL-DOUMY / AFP

Plusieurs réalisateurs français et étrangers feront le déplacement pour leur avant-première : Claire Burger (Langue étrangère), Zacharias Mavroeidis (The Summer With Carmen), Tomas Vengris (Five and a Half Love Stories in an Apartment in Vilnius) ou encore Shuchi Talati (Girls Will Be Girls). Onze autres films concourront pour le prix du public. Et puis deux séances spéciales, samedi 15 juin, présenteront le documentaire Le Cœur qui bat, en présence du réalisateur et chanteur Vincent Delerm. Ce jour-là sera également pro jeté un road-movie familial, La Famille Hennedricks, premier film de la comédienne Laurence Arné, présente aussi à Cabourg avec Dany Boon. Enfin, le festival sera clôturé par les Swanns d’or, qui récompensent les films, acteurs et actrices les plus romantiques de l’année. Un palmarès très attendu, car il annonce souvent, avec six mois d’avance, celui des César…

Festival du film de Cabourg-Journées romantiques, du 12 au 16 juin. festival-cabourg.com

Que visiter à Cabourg ?

1. Les plus belles villas de la Belle Époque

La villa Argentine.
Ville de Cabourg

La ville offre un rare exemple de ce qu’était une station balnéaire à la fin du XIXe siècle. Cabourg, avec ses 3 800 habitants, demeure ancrée dans cette Belle Époque qui a fait sa fortune. Vers 1853, un promoteur avisé lotit un vaste terrain de 75 ha, face à la mer, qu’il vient d’acquérir. Cabourg n’est alors qu’un petit village de pêcheurs, 300 âmes, reculé dans les terres. Point d’impératrice Eugénie (Dieppe) ou de duc de Morny (Deauville), pour porter ce projet qu’investira plutôt le monde du théâtre. Le plan d’urbanisme en éventail, treize avenues principales qui conduisent à la mer, répond à des critères drastiques : interdiction de construire à moins de quatre mètres de la rue, clôture transparente ne devant pas excéder 1,30 mètre de hauteur, aucune activité commerciale… Le résultat se trouve devant nos yeux, dans une harmonie parfaite, comme rue Aristide-Briand, avec la galerie ajourée de la villa L’Anémone (no 12) et une tour en échauguette à la villa Marie-Antoinette (no 17), ou sur les Jardins du casino, avec les bow-windows de la villa La Normandine (no 5), comme encore l’architecture néo-Renaissance de la villa Argentine (no 3)… Si Marcel Proust revenait, il n’aurait pas de mal à reconnaître les villas devant lesquelles il se promenait et dont les façades intactes semblent en réfléchir encore la silhouette éthérée.

Voir aussi :  Vlog en Thaïlande #3: James Bond Island et Rencontre avec un Singe

cabourg.fr

2. La Villa du temps retrouvé

C’est un peu un musée, un peu une villa normande de la Belle Époque, un peu un lieu proustien… Mais c’est surtout une réussite ! L’histoire de la naissance de Cabourg, qui correspond à celle des bains de mer, habite entre les murs de cette villa élevée par l’architecte (un brin oublié) de la fin du second Empire, Clément Parent, dont le fils tapissait de liège l’appartement parisien de Marcel Proust. L’auteur de la Recherche est invité d’honneur dans deux des trois expositions temporaires (jusqu’au 11 novembre). Son époque aussi, celle des élégantes, croquées par Helleu ou Jacques-Émile Blanche, qu’on retrouve pour une visite immersive, à grand renfort d’effets spéciaux. Des documents exceptionnels – deux manuscrits de la Recherche -, sont présentés dans une muséographie inventive et très aboutie. Un régal ! Une exposition multimédia autour de Jules Verne complète la programmation et plaira aux familles.

Entrée : 9 €. 15, avenue du Président- Raymond-Poincaré. villadutempsretrouve.com

3. Chambre 414

Marcel Proust passera huit étés au Grand Hôtel de Cabourg, à partir de 1907, jusqu’en septembre 1914. L’établissement conserve aujourd’hui encore une chambre témoin, la 414, figée dans le décor de son époque, lit en laiton, bibliothèque Art nouveau, papier peint 1900… Et cette vue sur l’étendue de la mer telle que la voyait l’écrivain. Le numéro de la chambre fait débat, un historien local ayant découvert, facture en mains, qu’il s’agirait plutôt de la 418. «En fait, Marcel Proust a occupé plusieurs chambres à différents étages avant de s’installer définitivement au quatrième, le dernier, qui présentait l’avantage de ne pas avoir de voisin au-dessus de lui, car il ne supportait aucun bruit», tranche Gaëlle Grelat, direc trice générale de l’hôtel. La chambre se visite (gratuitement) quand elle n’est pas occupée, bénéficiant malgré tout, sous l’enveloppe patrimoniale, du confort actuel.

Chambre 414 du Grand Hôtel. Les Jardins du casino. Tél. : 02 31 81 01 79. grand-hotel-cabourg.com

4. La promenade Marcel-Proust

Il s’agit en fait du nom donné à la digue en aplomb de la plage, entièrement réservé aux piétons et bordée de villas. Cinq colonnes, inspirées des célèbres colonnes Morris, ont été érigées sur la promenade, à l’image des cinq continents, déclinant le mot « amour » en 104 langues. Initiative portée par le Festival du cinéma romantique. C’est ce qu’on appelle ici le Méridien de l’amour, plébiscité le jour de la Saint-Valentin par des milliers d’amoureux. Marqueur de la vie locale, la digue accueille chaque année un buffet géant qui réunit 6 000 personnes, chacune apportant son couvert (cette année le 24 août).

Voir aussi :  DUSAN PETROVIC I RUZA RUPIC O VOYAGE-U! | 23.01.2020. | IDJTUBE

Où dormir à Cabourg ?

5. Le Grand Hôtel de Cabourg MGallery

Le Grand Hôtel.
Le Grand Hôtel Cabourg

Ce géant de l’hôtellerie mondiale est le monument le plus emblématique et le plus connu de Cabourg. Il doit en partie sa renommée à Marcel Proust, qui y passa là plusieurs étés. Ouvert en 1907, il comptait à l’époque plus de 300 chambres contre 71 aujourd’hui, dont une bonne moitié offre une incomparable vue mer. Tout y est grand, mais jamais démesuré, à l’image de ce lobby lumineux, ouvert sur l’horizon, dans une transparence totale. Les chambres, auxquelles mènent de très larges couloirs, ne sont pas avares d’espace, de 31 à 100 m2, éclairées par de hautes baies, sur les deux premiers étages de l’hôtel. Les salles de bains sont pleines de charme, avec cette baignoire nichée en alcôve. L’exposition de l’hôtel est étonnante, puisqu’il est le seul de la côte normande à être posé directement sur la plage. De son lit, on ne voit que la mer. Chic : un restaurant gastronomique, un snack-bar et une restauration sur la plage privée. Durant l’été – et chaque week-end de printemps, une terrasse éphémère sur la digue accueille un bar à cidre, unique en son genre, né de la collaboration de l’hôtel avec les producteurs (AOP) normands.

Le Grand Hôtel de Cabourg- MGallery. Les Jardins du casino. Tél. : 02 31 81 01 79. grand-hotel-cabourg.com

Où s’attabler ?

6. Symbiose

Nouveauté à Cabourg, Charles-Antoine Jouxtel, formé à l’école d’Arnaud Donckele, Emmanuel Renaut et Christophe Bacquié, trois toques triplement étoilées, excusez du peu, ouvre Symbiose, une table gastronomique dans un décor lumineux et design chic du centre de Cabourg. Ce jeune chef a la simplicité et l’exigence des grands maîtres, dont il se réclame. Son agneau normand, en deux cuissons, dont l’une confite, aux saveurs méditerranéennes, ou sa poule à la crème, suprême rôti, accom pagnée de légumes normands, ne laissent pas indifférents. Charlotte Schwab, seconde tête du projet, avec qui il s’est associé, est une jeune sommelière dont la composition de la carte des vins, plus de 800 références, tient de la prouesse. À quand une étoile Michelin ?

Menu 4 services : 49 €, six services : 69 €, 7 services : 95 €. 7, avenue Jean-Mermoz. Tél. : 02 31 24 46 67. symbiose-cabourg.com

7. Aroma

Quelle table sympathique, dans un design élaboré, que ce restaurant proche des jardins du casino, ouvert il y a un an. Victor règne sur la cuisine et Guillaume sur la salle, dans une égale bonne humeur. Une décontraction qui fait du bien sûr la côte normande, à l’image des entrées servies sous la forme de tapas (raïta de concombre à la menthe, houmous, tapenade…) et de plats aux saveurs méditerranéennes. Dans notre assiette une dorade snackée et un thon au pesto de roquette, œufs de truite gingembre et polenta crémeuse. Les tarifs sont raisonnables, autour d’une vingtaine d’euros pour les plats. Ce genre d’adresse qu’on se refile sous le manteau !

Voir aussi :  Voyage de rêve en Thaïlande - Échappées belles

Comptez autour de 40 €. 2, avenue des Frères-Hurtaud. Tél. : 02 31 86 72 24. aroma-cabourg.com

8. Le Balbec

Cette table gastronomique située au Grand Hôtel dans le prolongement du lobby, vue exceptionnelle sur la mer, à travers d’immenses baies, est emmenée par un nouveau chef, Frédéric Lanteri, ancien du Mondrian à Bordeaux. Le trentenaire, qui n’a pas son pareil pour cuire le poulpe, est secondé par un jeune chef pâtissier normand, le très doué Julien Alaniece.

Entrée, plat, dessert : 75 €. Promenade Marcel-Proust. Tél. : 02 31 81 01 79.

L’expérience à faire

9. Sulky

Balade en sulky.
AGENCE PLEIN FORMAT

Une des écuries des environs propose une balade en sulky de course sur la plage. On participe pleinement à la préparation des chevaux. On enfourche le sulky doté de deux sièges dont celui du coach qui tient les rênes. La balade au trot et une immersion dans les vagues restent inoubliables. Une fois l’exercice terminé, on accompagne son cheval sur la plage dont la grande joie est de se rouler dans le sable. (1 h 30).

Cabourg-Sallenelles. 149 €. Tél. : 06 51 41 46 77. sulky-passion.com

L’excursion à faire

Poterie du Mesnil de Bavent

À une dizaine de kilomètres de Cabourg, enfoncée dans le pays d’Auge, cette poterie porte mal son nom, puisqu’il s’agit plutôt d’une entreprise d’accessoires de toiture et de façade, présente au même endroit depuis 1842. Sa grande spé cialité reste l’épi de faîtage, dont le but initial était de protéger le poinçon de la toiture, par une sorte de sculpture en terre cuite émaillée. La boutique musée comporte aussi une salle consacrée aux créations plus contemporaines. Les communs ont été reconvertis en un village de l’artisanat, où l’on trouve un tapissier, plusieurs céramistes, un peintre et un antiquaire brocanteur, qui a la caractéristique d’afficher des prix plus que raisonnables. À l’entrée du village, l’ancienne villa anglo-normande est occupée par un restaurateur de jouets anciens, ce qui permet de visiter, mine de rien, le rez-de-chaussée de ce chalet du XIXe siècle, au décor de toute beauté.

Ouvert tous les jours. Lieudit Le Mesnil de Bavent, 14860 Bavent. Tél. : 02 31 84 82 41. poterie-bavent.com



Source link

Vous aimerez aussi...