Voyage aux États-Unis : pourquoi le suspense dure


DÉCRYPTAGE – Les Américains peuvent à nouveau voyager en France. Mais les États-Unis restent barricadés aux voyageurs depuis plus d’un an.

Le Covid-19 recule drastiquement dans de nombreux pays, dont les États-Unis. À tel point que l’Europe, France en tête, rouvre ses frontières aux touristes Américains, vaccinés ou non. «Welcome back !» twittait le 18 juin le secrétaire d’État au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne. Un message que son homologue étasunien serait bien en peine de donner : la France, comme l’UE, n’impose aucune réciprocité sur le plan touristique, sauf à la Chine. Et à ce jour, la proclamation de Donald Trump du 11 mars 2020 est toujours d’actualité : les États-Unis restent barricadés.

Le pays refuse de communiquer le moindre calendrier sur une éventuelle levée des interdictions d’entrée. «Nous sommes impatients de voir les voyages transatlantiques reprendre […]» mais «je ne suis pas en mesure de préciser un délai car cela dépendra en grande partie de l’évolution épidémiologique» et des «variants», éludait lundi le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price. Le discours de Washington n’a donc pas changé après la tournée européenne du président Joe Biden.

« Je crois que d’ici le début du mois de juillet, les Américains feront évoluer leurs règles. »

Clément Beaune, ce mercredi

Son gouvernement a même confirmé qu’il n’était pas pressé d’autoriser la reprise des allées et venues. Il a reconduit jusqu’au 21 juillet au moins la fermeture de ses frontières terrestres avec le Canada et le Mexique, comme il le fait chaque mois depuis le début de la pandémie.

«Avec des pays où la situation sanitaire est bonne, comme les États-Unis, on a accepté d’ouvrir nos frontières, rappelait mercredi matin sur France Inter le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, Clément Beaune. C’est dans notre intérêt, touristique notamment. Je souhaite la réciprocité, on va mettre la pression sur eux. Je crois que d’ici le début du mois de juillet, les Américains feront évoluer leurs règles.»

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Faute d’un véritable rapport de force, Washington reste donc vague -les critères sanitaires présidant à une réouverture ne sont pas connus- d’autant que le tourisme local semble suppléer, pour l’instant, l’absence des Européens.

Côté Français, une première barrière au départ est levée depuis le 9 juin et la communication d’une liste de pays classés en vert, orange ou rouge selon leur situation épidémiologique. Les États-Unis, qui y figurent en vert depuis le 17 juin, sont théoriquement ouverts aux touristes français vaccinés, les autres devant arguer d’un motif impérieux. Mais comme le Japon ou la Nouvelle-Zélande, le pays reste hermétique aux visiteurs étrangers.

Les voyagistes optimistes

Les tour-opérateurs hexagonaux, eux, se disent optimistes quant à la reprise du tourisme vers New York ou les parcs nationaux cet été. Ils veulent même croire en une réouverture des frontières aux Européens début juillet. Il faut dire que les enjeux économiques sont colossaux, appuie-t-on chez Marco Vasco (groupe Figaro), l’un des spécialistes de la destination. « Il y a plein de raisons factuelles auxquelles se raccrocher, avance son PDG, Alexandre Vercoutre. Avant la pandémie, le secteur du tourisme international faisait travailler à peu près 1,2 million de personnes aux États-Unis. Deux tiers des emplois soit environ 800.000 postes ont été détruits durant la crise sanitaire ». De quoi pousser les réceptifs et agents sur place, qui vivent du tourisme international, à faire pression sur le gouvernement américain.

Les données rassurantes, tant sur le plan sanitaire que de la vaccination -plus de 45% de la population est totalement vaccinée– pourraient aussi favoriser la reprise du tourisme international, d’autant que les hôtels, restaurants, magasins… ont largement rouvert. Quelques voix américaines se font aussi entendre sur le sujet. Les compagnies aériennes, commencent à s’exprimer, et le quotidien du milieu des affaires, le Wall Street Journal, a estimé dans un éditorial intitulé «Ramenez les touristes» qu’il n’y avait «aucune raison» à l’absence de réciprocité.

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En revanche, comme le confirme au Figaro Geoffrey Duval, président de l’Office de Tourisme des États​-Unis, des jauges restent en vigueur dans certains hauts lieux touristiques. «Pour accéder à certains parcs nationaux , il y a une limite et il faut bien évidemment réserver ». Quant aux mythiques théâtres de Broadway, « il semblerait qu’ils rouvrent début juillet. Il n’y aura pas de pass sanitaire, cette mesure sera exclusivement réservée aux concerts ».

Les professionnels du tourisme n’espèrent plus qu’une chose : une clarification rapide de la situation. D’autant qu’à l’heure actuelle, voyageurs américains et français peuvent déjà se croiser dans divers endroits du monde. « Les Américains peuvent aller en Polynésie ou dans les Caraïbes et croiser des Français ». Un manque de cohérence que l’on déplore chez Marco Vasco. « Parmi les absurdités du moment, il y a aussi le fait que les Uruguayens soient, eux, autorisés à rentrer aux États-Unis alors que le pays connaît un taux de contamination très élevé ».

Les Français «dans la ligne de mire des professionnels du tourisme américain»

Le tourisme domestique très intense qui s’annonce pour l’été 2021 devrait permettre économiquement parlant de sauver la saison aux États-Unis. « Les Américains ont redécouvert leur pays » pendant la crise du Covid, assure Geoffrey Duval. Mais la part des touristes européens dans le secteur est cruciale et les Hexagonaux sont, en volume, le neuvième contributeur. Ils représentent aussi une manne importante en termes de chiffres d’affaires : les dépenses annuelles des «frenchies» aux États-Unis pèsent 6,5 milliards de dollars, un chiffre qui a doublé en 20 ans, selon l’Office de tourisme.

Le voyageur français a donc bien des atouts. «Il est répétiteur, une donnée très importante pour les Américains parce qu’ils ont conscience que quoiqu’il arrive, entre 1,8 et 1,9 million de Français vont venir et revenir chez nous, ce qui n’est pas le cas des autres touristes européens », étaye-t-il. En moyenne un Français se rend entre quatre et cinq fois aux États-Unis au cours de sa vie. « La raison est simple, il est possible de faire plus de cent voyages totalement différents outre-Atlantique et ce du 1er janvier au 31 décembre. Le seul pays qui peut proposer autant d’itinéraires différents sur toute l’année c’est la France ».

Certaines villes et États américains ont continué à cibler tout particulièrement ces voyageurs si précieux dans leur communication. New York, Memphis, Seattle ou Santa Monica, ainsi que l’Arizona ou le Colorado gardent en tête que les Français, dès la réouverture des frontières aériennes, reviendront. « Ils seront tentés de s’envoler pour les États-Unis dès qu’ils le pourront parce qu’ils savent aussi qu’ils y seront en sécurité, appuie Geoffrey Duval. Si les Américains rouvrent les restaurants et les hôtels, c’est qu’ils ont pris toutes les mesures sanitaires nécessaires ».

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Déjà beaucoup de demandes

Preuve que l’envie est là, offices de tourisme et tour-opérateurs font face à une vague assez conséquente de questionnements de la part des Français. En tête des sujets, la date de réouverture des frontières. « En ce moment nous recevons en moyenne 60 à 80 mails par jour », confie Geoffrey Duval. De son côté, le tour-opérateur Marco Vasco constate que la majorité des départs prévus pour cet été sont surtout des reports de l’été dernier, «une centaine au total que l’on maintient pour le moment ».





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