les chiffres fous du Jandri, le nouveau téléphérique des Deux-Alpes

Les épithètes vont voler haut, et pas seulement parce que le voyage se termine à 3200 m d’altitude. Ce matin aux Deux-Alpes (Isère), l’un des plus grands investissements de transports par câble au monde devient une réalité pour skieurs et piétons. Le téléphérique Jandri entre en service sur la totalité d’un tronçon de 6,4 km, qui mène du bas de la station, à 1600 m, aux contreforts du glacier, à 3200 m, soit la colonne vertébrale du domaine skiable. Un dénivelé que les 52 télécabines noires de 32 places (dont 24 assises) avalent en un temps record de 17 minutes, avec une étape à la gare intermédiaire blottie à 2600 m.  

Sata Group, gestionnaire du domaine depuis la fin 2020, a consenti à un investissement de 148 millions d’euros pour ce téléphérique ultramoderne de technologie dite «3S» (2 câbles porteurs, 1 tracteur), signé du groupe rhônalpin Poma. «Il entre dans le cadre d’un plan d’investissement de près de 650 millions d’euros sur les stations de l’Alpe d’Huez, dont nous sommes le gestionnaire historique, et les Deux-Alpes», resitue Fabrice Boutet, directeur général de l’exploitant, qui rayonne aussi à La Grave ou Vaujany, dans le massif de l’Oisans toujours, l’un des secteurs du parc national des Ecrins. 

De la Vanoise à New York

«C’est l’un des plus beaux chantiers de Poma sur le plan de la recherche et développement, étaye Fabien Felli, président du groupe basé en Isère, et également champion mondial du transport par câble en milieux urbain ou montagnard. Il est au niveau je pense du défi que représentaient le Vanoise Express  entre Les Arcs et la Plagne en 2003, ou le téléphérique de Roosevelt Island à New York en 2010.» Les technologies de pointe comme la récupération d’énergie en descente, «l’eco-drive» qui optimise la consommation électrique ou fait avancer les cabines dans un quasi silence participent désormais à la signature «Jandri». La maîtrise d’ouvrage a par ailleurs mobilisé des entreprises très majoritairement locales et françaises sur l’ensemble du chantier. 

Dans la course à l’amélioration de «l’expérience skieur» qui appuie des tarifs toujours plus hauts, Sata Group repositionne les Deux-Alpes dans le peloton des stations d’altitude les plus modernes. Le Jandri est un nom bien connu des 300.000 habitués des pentes du spot de l’Oisans. C’est, certes, le nom d’un des cols qui mène sur les contreforts du glacier. Mais c’est aussi celui de l’antique «Jandri Express» qui balisait le parcours jusqu’au glacier depuis une quarantaine d’années. Une réalisation signée Poma, déjà. 

7 pylônes

Son successeur multiplie quasiment par deux la capacité de transport (3000 personnes à l’heure), diminue dans les mêmes proportions le temps de transport (17 minutes contre 40 auparavant). Et gomme aussi 10 pylônes du paysage (7 «super pylônes» désormais contre 17 auparavant). «Cet équipement d’excellence est le fruit du plus gros chantier des Alpes qui a été mené en seulement 18 mois et qui rend fier notre territoire», se réjouit Angélique Mounier, élue déléguée au tourisme et présidente de l’office de Tourisme des Deux-Alpes. «Il faut rappeler aussi que c’est un équipement 4 saisons, qui peut fonctionner hiver comme été, où nous attirons de nombreux randonneurs, VTTistes…», complète-t-elle. 

Si le réchauffement climatique rebat les cartes, la saison de ski seule s’étend pour le moment de fin novembre à l’été aux Deux-Alpes, qui tente de développer sa notoriété l’été. Même avec cette période étendue de fonctionnement, 30 années environ seront nécessaires pour que Sata Group amortisse cet équipement.  

En vidéo – Vanoise Express : comment avec une seule remontée, un domaine skiable a multiplié par deux sa superficie