«Nous cherchons tous à fuir les cohortes», affirme Luc Ferry


La crise sanitaire actuelle a-t-elle sonné le glas du tourisme de masse?

Pour le moment, oui, puisqu’on ne peut pratiquement plus voyager à l’étranger. La plupart des pays ferment leurs portes. La Suisse, pourtant nation libérale entre toutes, vient d’imposer la quatorzaine aux voyageurs venant de France, mais les Seychelles, pour donner un exemple de destination privilégiée, en font autant. Du reste, c’est cette fermeture des frontières qui a fait cet été le bonheur des restaurateurs et des hôteliers de régions de France qui n’étaient pas aussi habitués à voir des flots de touristes déferler. Cela laissera sans doute des traces, mais le tourisme de masse à destination de l’étranger n’en reprendra pas moins dès que la pandémie sera jugulée. Sauf à se priver d’aller voir les sites les plus beaux ou les plus intéressants au monde sur le plan culturel ou naturel, sauf à ne plus jamais aller voir Venise, nous sommes tous plus ou moins obligés de cohabiter avec le tourisme de masse.

Depuis le déconfinement, la tendance est à un tourisme local, rural, social. Est-ce lié au Covid-19, ou bien cela correspond-il à une lame de fond qui peut modifier profondément nos façons de voyager demain?

Cette redécouverte de nos régions parfois oubliées a quelque chose de profondément sympathique. Reste qu’elle est largement liée aux effets du Covid sur la fermeture des frontières que je viens d’évoquer. Nombre de Français ont été agréablement surpris par la beauté et les richesses naturelles, culturelles et, il faut le dire aussi, gastronomiques, de leur propre pays. Maintes fois, j’ai entendu des amis me dire qu’au final, il était inutile d’aller au bout du monde pour trouver de quoi passer un bel été. Il est probable que cela laissera des traces et c’est tant mieux pour notre économie touristique qui en a bien besoin. Cela dit, l’appel du grand large, de la découverte liée aux voyages à l’étranger reste malgré tout le ressort principal d’un tourisme de masse qui retrouvera sa vitesse de croisière aussi vite que possible.

Voir aussi :  VOYAGE AU CAMBODGE PARTIE 1 : EN ROUTE VERS LE PARADIS (ou presque)

Le voyage idéal est celui qui me permet d’écrire tranquillement mes livres tout en profitant des paysages sublimes

Quel est le voyage idéal ?

Disons-le franchement, bien que je ne sois nullement de ceux qui méprisent un tourisme populaire dont je comprends les raisons, les réflexes élitistes étant bien partagés, nous cherchons tous plus ou moins à fuir les cohortes qui bloquent l’entrée des musées ou qui, par leur simple présence, polluent les sites les plus sublimes que nous aimerions visiter tranquillement, en privilégiés de la solitude. C’est du reste ce qui fait rêver dans les contrées perdues que décrivent depuis le XIXe siècle les aventuriers du voyage. J’ai cependant passé l’âge de courir à travers les déserts de glace ou les forêts d’Amazonie. C’est une des raisons pour lesquelles j’aime infiniment les croisières sur des bateaux qui comptent peu de passagers. Je me souviens d’un voyage dans des petites îles japonaises sur un petit bateau, mais aussi d’une descente du Mékong absolument merveilleuse et ce d’autant plus qu’à mes yeux, le voyage idéal est celui qui me permet d’écrire tranquillement mes livres tout en profitant des paysages sublimes que les croisières au fil de l’eau offrent à mon sens plus que tout autre forme de voyage.

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